sâmbătă, 2 iunie 2012

हिरण्यगर्भः si ''Oul Matematic''

Hiranyagarbha letteralmente significa: “Il Grembo d’oro”, è la Matrice Cosmica . Manifestatosi da Brahman, l’Assoluto, è la prima concretizzazione della Volontà Cosmica, da cui l’intera Creazione ebbe origine. E’ la Causa Prima (il Primogenito), il Principio Divino immanente in ogni essere vivente, il quale ha voluto manifestarsi nella molteplicità fenomenica, emanando gli universi e tutti gli elementi del cosmo.

Hiranyagarbha è il Principio Creatore, l’Intelletto Cosmico, il Principio unificante tra l’individuo e il cosmo, il Principio di Amore Divino.

Hiranyagarbha corrisponde al livello collettivo del corpo astrale e allo stato di sogno.
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Hiranyagarbha literalmente înseamnă "pântec de Aur", este Matricea Cosmica. Manifestat de Brahman, Absolutul, este prima manifestare practică a VOINTEI  COSMICE, de la care provine întreaga Creaţie. Cauză şi "primul (întâiul născut), principiul Divin inerent în fiecare fiinţă vie, care a dorit să se manifeste în multitudinea de fenomene, emiterea de Universuri, precum şi toate elementele Cosmosului.

Hiranyagarbha este Creatorul Prim, Intelectul Cosmic, principiul unificator între individ şi Cosmos, Principiul a Iubirii Divine.

Hiranyagarbha este nivelul (superior), colectiv, al  corpului astral şi altfel  spus; starea de vis.
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 हिरण्यगर्भः समवर्तताग्रे भूतस्य जातः पतिरेकासीत ।
स दाधार पृथ्वीं ध्यामुतेमां कस्मै देवायहविषा विधेम ॥

य आत्मदा बलदा यस्य विश्व उपासते प्रशिषं यस्यदेवाः ।
यस्य छायामृतं यस्य मर्त्युः कस्मै देवायहविषा विधेम ॥

यः प्राणतो निमिषतो महित्वैक इद्राजा जगतो बभूव ।
य ईशे अस्य द्विपदश्चतुष्पदः कस्मै देवाय हविषाविधेम ॥

यस्येमे हिमवन्तो महित्वा यस्य समुद्रं रसया सहाहुः ।
यस्येमाः परदिशो यस्य बाहू कस्मै देवाय हविषाविधेम ॥

येन दयौरुग्रा पर्थिवी च दर्ळ्हा येन सव सतभितं येननाकः ।
यो अन्तरिक्षे रजसो विमानः कस्मै देवायहविषा विधेम ॥

यं करन्दसी अवसा तस्तभाने अभ्यैक्षेतां मनसारेजमाने ।
यत्राधि सूर उदितो विभाति कस्मै देवायहविषा विधेम ॥

आपो ह यद बर्हतीर्विश्वमायन गर्भं दधानाजनयन्तीरग्निम ।
ततो देवानां समवर्ततासुरेकःकस्मै देवाय हविषा विधेम ॥


यश्चिदापो महिना पर्यपश्यद दक्षं दधानाजनयन्तीर्यज्ञम ।
यो देवेष्वधि देव एक आसीत कस्मैदेवाय हविषा विधेम ॥

यश्चिदापो महिना पर्यपश्यद दक्षं दधानाजनयन्तीर्यज्ञम ।
यो देवेष्वधि देव एक आसीत कस्मैदेवाय हविषा विधेम ॥

मा नो हिंसीज्जनिता यः पर्थिव्या यो वा दिवंसत्यधर्मा जजान ।
यश्चापश्चन्द्रा बर्हतीर्जजानकस्मै देवाय हविषा विधेम ॥

परजापते न तवदेतान्यन्यो विश्वा जातानि परि ताबभूव ।
यत्कामास्ते जुहुमस्तन नो अस्तु वयं सयाम पतयोरयीणाम ॥


============          =================         =============Toute manifestation naît donc du "mental cosmique". Selon le Vedanta, le mental universel est symbolisé par "Hiranyagarbha", la matrice d'or ou l'oeuf cosmique. De celui-ci émerge bindu, qui représente le temps, l'espace et la matière sous forme d'un germe, d'un point unique. Ce point concentre donc la "volonté" et la "parole". C'est la puissance de la création.

Le bindu se compose de donc deux parties : mâle (ham) et femelle (so). Le nada es la relation des deux. Nada signifie "courant de conscience". C'est un son non manifesté. On appelle Shabda le son manifesté. On parle des deux lèvres que forment Shiva et Shakti et le son en est leur résultat.

Dans le son AUM, A est prononcé avec un son long "aaa" qui produit des ondes beta qui extériorisent. U est prononcé "ooo" qui induit des ondes theta relatives aux souvenirs d'impressions et de rêves, M induit des ondes delta relatives au sommeil profond et à l'inconscient "mmm". La combinaison de ces trois sons avec un temps approprié pour chacun de ces trois permet d'obtenir les ondes alpha.

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D'un côté, Brahmâ crée l'Univers sous sa forme matérielle primitive. C'est Hiranyagarbha, l'Oeuf d'Or, resplendissant comme mille soleils, la matrice universelle, l'oeuf cosmique (Bindu). Cet "Oeuf" se divise aussitôt et sa partie supérieure forme le Ciel tandis que sa partie inférieure forme la Terre. La similitude de conception avec l'hypothèse scientifique du Big Bang originel n'a pas échappé à de nombreux commentateurs contemporains.

Une autre version de la légende narre comment Brahman déposa une graine dans l'eau. Celle-ci en germant, se transforma en un immense oeuf d'or (Brahmânda) qui, ayant mûri mille ans, se sépara en deux parties, révélant Brahmâ et sa Shakti Sarasvatî. De l'une des moitiés de l'oeuf, Brahmâ fit les sept étages du monde supérieur, de l'autre, les sept étages du monde inférieur.
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    ''L’oursin fossile et l’oeuf de serpent.
« Il y a en outre une espèce d’oeuf, omise par les Grecs et en grand renom dans les Gaules. En été, des serpents
innombrables, enroulés ensemble par la bave de leurs gosiers et les sécrétions de leur corps, se rassemblent en
une étreinte harmonieuse, et cela s’appelle oeuf de serpent. Les druides disent que cet oeuf est projeté en l’air par
les sifflements, et qu’il convient de le recueillir dans une saie avant qu’il ne touche la terre. Le ravisseur doit
s’enfuir à cheval, car il est poursuivi par les serpents jusqu’à ce qu’ils en soient empêchés par l’obstacle d’une
rivière. On reconnaît cet oeuf à ce qu’il flotte contre le courant, même s’il est attaché à de l’or. La finesse
industrieuse des mages est telle pour cacher leurs fraudes qu’ils prétendent qu’on doit le prendre à une certaine
lune, comme s’il était possible de faire coïncider l’opération avec la volonté humaine. J’ai certes vu cet oeuf, de
la grosseur d’une moyenne pomme ronde, à la croûte cartilagineuse comme les nombreux bras du poulpe. Il est
célèbre chez les druides. On en vante fort l’effet pour le gain des procès ou l’accès auprès des rois ; mais c’est si
faux, qu’un chevalier romain des Voconces qui en avait un dans son sein lors d’un procès, fut mis à mort par le
divin Claude, empereur, sans autre raison que je sache. Pourtant ces étreintes de serpent et leur entente féconde
semblent être la raison pour laquelle les nations étrangères ont entouré le caducée en signe de paix de l’image des
serpents, mais il n’est pas coutume dans le caducée qu’ils soient crêtés »xx
Ce texte de Pline ressemble fort à un fait qui ne pourrait plus être interprété que d’une façon très
superficielle comme se rapportant à une superstition. Toutefois des oursins fossiles, qui ressemblent
fort à la description de Pline, comme ceux trouvés sous les tumulus de Saint-Amand-Sur-Sèvre et de
Barjon apportent à ce récit une véracité certaine. Il semble probable que cet objet fut un talisman
symbolisant ce que Pline appelle l’oeuf de serpent, qui fut lui-même , très certainement, le symbole de
l’oeuf du monde. Or, si tout cela est exact, nous nous trouvons en face d’un certain nombre d’éléments
qui appartinrent sans doute à un mythe cosmogonique ainsi que le laisse facilement apparaître la
comparaison avec les faits indiens. Depuis le Véda les doctrines indiennes connaissent le mythe de
l’oeuf cosmique appelé brhamânda, celui-ci contient l’Embryon d’Or, Hiranyagarbha, qui est à
l’origine de toute la création :
« Au commencement ce monde n’était que non-existence. Il exista. Il se développa. Il devint un oeuf. Il attendit
un an. Il s’ouvrit. La moitié de la coquille devint d’argent, l’autre d’or. Ce qui était d’argent est cette Terre. Ce
qui était d’or est le ciel. La membrane externe devint les montagnes. La membrane interne forma les nuages et le
brouillard. Les veines sont les rivières. Le fluide au-dedans est l’océan » xxi.
« L’Embryon d’Or au commencement se développa : né il devint le maître unique des choses. Il maintient la
Terre et le Ciel que voici. » xxii
« Les enveloppes de l’oeuf du monde sont ma résidence. Je me sépare, je viens en contact, moi le surabondant en
soma. J’ai tué le dragon qui s’appuyait sur la montagne. Moi, redoutable, je donne aussi mon aide avec le vajra
puissant » xxiii.
Ce dernier extrait est particulièrement intéressant en ce qu’il met en rapport l’oeuf du monde avec le
dragon, symboles d’importance pour la tradition celtique, qui, en outre, n’est qu’une autre forme du
serpent. Ainsi, dans cet hymne à Indra, retrouve-t-on le thème récurrent du dieu tueur de serpent, ce
dernier étant considéré comme l’aspect obscur de la déité, celui qui s’oppose à la manifestation du
monde. Son sacrifice permet le passage du non-manifesté au manifesté. Il peut aussi, son symbolisme
étant extrêmement ambivalent, correspondre à l’homme primordial de la tradition indienne, Purusa,
dont sont issus les dieux et les hommes, et qui fut la victime des dieux, son sacrifice étant
indispensable à la création du monde. Mais Purusa est aussi l’une des deux premières polarité du
Principe dans sa manifestation. Dans ce cadre il est l’Esprit, l’essence, quand Prakriti est la substance,
la materia prima. Et ceci peut être recoupé avec le texte de Strabon, Géographie, livre IV, 4 : « Ils
affirment, et les autres (Gaulois) aussi, que les âmes et l’univers sont immortels et qu’un jour l’eau et
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le feu y régneront ». Ainsi exposé tout cela peut paraître fort confus et il est vrai que nous ne pouvons
rien vérifier avec exactitude, néanmoins il nous semble que la comparaison porte ses fruits et que grâce
à elle nous pouvons extraire du texte de Pline l’assurance qu’il y a dans ce récit bien plus que ce que ce
dernier pouvait penser. A partir de ce que nous venons de voir nous pouvons nous pencher plus avant
sur le texte du naturaliste grec. Celui-ci est construit d’une manière volontairement désobligeante, les
gaulois sont des barbares superstitieux et il convient de ne pas accorder de crédit à leurs histoires.
Pline raconte donc tout cela par pure curiosité scientifique, mais son mépris pour ses superstitions fait
qu’il ne voit pas quelles incohérences il rapporte avec ce récit qu’il a de toute évidence très mal
compris. De nombreux détails prouvent en effet qu’il ne peut s’agir que d’un épisode mythologique
comme par exemple le fait que les serpents soient crêtés. Mais il semble tout aussi peu probable qu’il
ait fallu le galop d’un cheval pour échapper aux serpents. D’autres inconséquences rendent le texte
inutilisable si l’on n’accepte pas de le prendre pour ce qu’il est. L’épisode du vol de l’oeuf se serpent
pourrait se rapporter à ce que nous avons dit plus haut à propos de la comparaison avec le dieu indien
Indra considéré comme un dieu rusé et voleur, ce qui est aussi le cas de l’irlandais Ogmios, dieu de la
guerre dont un surnom n’est autre que Celtchar, « le rusé ». L’on sait de plus que la Gaule connaissait
un équivalent exact de l’Ogme irlandais en la personne du dieu Ogmios. De surcroît tout comme
Ogme / Ogmios, Indra est un dieu guerrier. Quant à l’importance du serpent criocéphale en Gaule nous
n’aurions pas ici la place de l’étudier en détail, mais elle semble recouper tout ce que laisse supposer
l’analyse de ce texte. On retrouve ce serpent sur de nombreuses figurations de dieux fort divers, Mars,
ou Borvo, Mercure ou encore Cernunnos comme par exemple sur le fameux chaudron de Gundestrup.
Nous terminerons cette évocation en relevant ce que Pline dit à propos de l’or et de l’oeuf de
serpent : « On reconnaît cet oeuf à ce qu’il flotte contre le courant, même s’il est attaché à de l’or ».
On imagine mal comment un oeuf attaché à de l’or pourrait flotter sauf si tout cela indique un
symbolisme qui rejoint encore celui de l’Embryon d’Or, c’est-à-dire celui de la lumière cosmique, de
l’Esprit qui flotte sur les eaux primordiales. Nous ne pouvons bien sûr reconstituer clairement le mythe
que Pline a mal compris et à plus forte raison dégager les termes exacts de la doctrine exprimée par ce
mythe, néanmoins il est possible à partir des éléments évoqués plus haut et sans se laisser aller à la
rêverie, de percevoir quelles purent être les spéculations druidiques en matière de cosmogonie.''
(http://www.religioperennis.org/documents/Jolif/introductioncelt.pdf)
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             Subala Upanishad

Upanishad du Sage Subala



Traduite et annotée par M. Buttex
D'après la version anglaise du Dr. A. G. Krishna Warrier
Publiée par The Theosophical Publishing House, Madras

Om ! Ce Brahman est infini, infini est cet Univers.
L'infini procède de l'infini.
Assumant alors l'infinitude de l'Univers infini,
Cela repose comme l'infini Brahman, et Lui seul.

Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !



LEÇON 1 : CRÉATION ET DISSOLUTION DE L'UNIVERS

             1-3. Brahman, le sans-attributs, dit : « Ils demandent : « Qu'existait-il à l'origine ? » [Et il enchaîna avec] l'enseignement suivant : « Cela n'était ni être, ni néant. De cela naquit Tamas (1), et Tamas engendra Prakriti, la Matière (2), laquelle engendra l'akasha, l'espace éthéré (3), de l'éther naquit l'air, de l'air naquit le feu, du feu naquit l'eau, et de l'eau naquit la terre.
             Tout ceci devint l'Œuf cosmique (4), qui, après une année d'existence se scinda en deux parties : en-bas la terre, au dessus le ciel. Et entre ces deux, se tenait le Grand Homme Céleste (5), possédant mille têtes, deux mille yeux, pieds et bras, appelé Virat-Purusha (6).

    1 Tamas : l’une des 3 Gunas (qualités ou éléments constitutifs) de la prakriti primordiale; la roideur obscure, comportant les notions de ténèbres, d’ignorance, de torpeur et d’inertie. Cf. rajas et sattva. Dans le jiva, tamas induit inertie, obscurité mentale, lenteur et lourdeur.
    2 Prakriti : La Matière. Le pouvoir fondamental (shakti) de la Divinité, dont le cosmos est l'expression créatrice. C'est donc : 1) la base-racine de tous les éléments; 2) la matière indifférenciée; 3) la Nature, source primordiale du monde manifesté, constituée des 3 gunas (sattva, rajas et tamas). Équivalent de Maya, d’Avyakta ou de Pradhana.
    3 Akasha : « qui n'est pas visible » - L'espace, l'éther, le ciel cosmique. Le milieu spirituel dans lequel la manifestation se déploie. Principe de la matière ultra-subtile qui est le substrat de l’univers, qui sous-tend, soutient et pénètre tout. C'est le plus subtil des cinq éléments-racines, dont la vibration donne naissance au son (shabda), puis à la parole et à l'audition; c'est à partir de ses multiples combinaisons avec les autres éléments-racines que toute la Création a opéré, en utilisant ce véhicule de la Vie et du Son primordial qu'est l'éther; cf. bhuta et les 36 tattvas.
    4 Hiranyagarbha (hiranya = or; garbha = embryon, œuf) : 1) « l’Œuf d’or », corps subtil de l'univers dans la période cosmogonique; 2) Brahma, en tant qu'Être cosmique et Progéniteur (Prajapati); 3) la manifestation considéré sous son aspect subtil; équivalent de sutratma. Cf. Ishvara et virat.
    5 Purusha : Le Principe psychique universel; s’oppose à Prakriti dans le système dualiste du Samkhya. Esprit et Matière, respectivement, mais aussi principes mâle et femelle, Purusha est la pure Conscience non-manifestée, par opposition à Prakriti, la nature naturante, l'énergie de la manifestation à travers laquelle les univers se déploient. Par extension, notamment dans les Upanishads, Purusha se réfère à Brahman en tant qu'Homme Cosmique, « possédant mille têtes, mille yeux, mille jambes, incluant la Terre dans son corps, se diffusant dans toutes les directions, à l'intérieur de l'animé comme de l'inanimé » dit aussi le Rig Véda.
    6 Virat Purusha : l’Être universel.

             4-6. Tout d'abord, Il créa la mort de toutes les créatures possédant trois yeux, trois têtes et trois pieds, et armées d'une hache (1). Brahma eut peur – il pénétra en Brahman même et engendra sept fils nés du mental – et ceux-ci créèrent sept Virats (2) ou procréateurs.
             Sa face devint les Brahmanes (3), Ses bras les Kshatriya, Ses cuisses les Vaishya, les Sudra sortirent de Ses pieds, l'air et le souffle vital (Prana) de Ses oreilles, quant à tout ceci autour de nous, c'est sorti de Son cœur.

    1 Soit des Asuras (Titans, anti-dieux), soit des premiers essais ratés et détruits.
    2 Virat : la Totalité, forme cosmique du Soi, cause du monde matériel; l'Esprit universel omniprésent, qui prend la forme de l'Univers, qui est le Voyant et le Créateur des formes matérielles. Cf. Ishvara, Hiranyagarbah; ces 3 termes désignent les divers états de la Manifestation (cause et effets compris); l’univers, le Macrocosme.
    3 Varna : « apparence, couleur » - 1) type, espèce, sorte; couleur; caste sociale. 2) Il y a 4 castes : a) brahmanas, les âmes évoluées et mûries par l'expérience spirituelle des incarnations précédentes. Leur responsabilité est, outre l'étude à vie des textes sacrés, de préserver le dharma (l'ordre et le bien) et d'enseigner la connaissance spirituelle avec discernement; b) kshatriyas, les âmes férues de gouvernement et de législation, dont la responsabilité est l'ordre moral et juridique, la paix sociale et l'évolution historique de la nation; c) vaishyas, les âmes axées sur le partage des biens matériels et orientées vers le goût des richesses, les commerçants et propriétaires terriens; d) shudras, les âmes jeunes, employés et domestiques, artisans et agriculteurs. Selon la notion de rétribution karmique, une âme renaît dans la caste qui lui est nécessaire, et c'est pourquoi la tradition conseillait au fils d'adopter la même profession que son père. Cf. jati.

             Ici s'achève la première section.



             7. À partir de Son souffle expiré, Apana, furent créés les Nisadas, Yakshas (1), etc., à partir de Ses os les montagnes, à partir de Ses cheveux les plantes et les arbres, et de Son front émergea Rudra, tout de colère.

    1 Nisadas : Aborigènes pré-Aryens, soit chasseurs forestiers aux mœurs barbares, soit vivant au bord de l'océan, décrits dans le Mahabharata comme « semblables à des corbeaux, férocement déprédateurs ».
    Yakshas : «Mystérieux » - Génies gardiens des trésors souterrains.
    2 Rudra : « le Rouge brillant, le Pleureur », de “-rud”: pleurer - Shiva sous son aspect destructeur, « Maître des puissances terrifiantes », lorsqu'il dissout les mondes au moment d'un pralaya, utilisant pour ce faire la force cosmique de réabsorption. Il est aussi, sous cet aspect, « le Seigneur des larmes », car ses manifestations épouvantent les humains, que ce soient des catastrophes naturelles, des maladies et épidémies, ou des deuils.
    Dans le Rig Veda, Rudra est aussi Agni, dieu du Feu; au pl., les 11 Rudras sont les principes de vie, de nature ignée, qui gèrent les activités de destruction en vue de rénovation, dont le maître est Shiva. Rudra, en tant que Maître de la Connaissance, est aussi Shiva sous son aspect de Maître de la colère et de la peur, mais aussi de Yogi impeccable et redoutable, maître des pouvoirs secrets (siddhis), également de nature ignée.

             8. Du souffle de cet Homme des Cieux, émanèrent le Rig et les autres Védas, la science phonétique, le manuel des rituels, la grammaire, l'étymologie, la prosodie, la logique, l'astronomie, l'exégèse, le droit, les commentaires, les gloses, etc.

             9. La lumière d'or (Hiranyagarbha) en laquelle résidait le Soi, ainsi que tous les mondes, se scinda en deux – la femelle et le mâle étaient apparus. La portion d'Hiranyagarbha qui devint Déva (divinité) se mit à créer tous les dévas, celle qui devint Rishi (1) se mit à créer tous les rishis, et de même pour les Yakshas, etc., sans oublier la portion du règne animal, qui engendra les animaux, sauvages et domestiques : taureau et vache, cheval et jument, âne male et femelle, mais aussi la terre et le sanglier.

    1 Rishis : Sages de l’ancien temps, à qui a été révélée la Shruti. Au nombre de 7, ils sont considérés comme les fondateurs de l’ordre social et de la religion. Ce sont les sages Vaikhanasa, Vishvamitra, Vasistha, Angiras, Atharvan, Atri et Atharvangiras.

             10. À la fin, Il deviendra Vaishvanara (1) et détruira toutes les créatures – la terre sera engloutie dans l'eau, l'eau dans le feu, le feu dans l'air, l'air dans l'éther, l'éther dans les organes sensoriels, ceux-ci dans les éléments subtils, ceux-ci en Prakriti, Prakriti en Mahat (2), Mahat en Avyakta (3), Avyakta en Akshara (4), Akshara en Tamas (Ténèbres), et ce dernier se résorbera dans la Divinité. Il n'y aura plus alors ni être, ni néant. Voici la doctrine de la dissolution cosmique (Pralaya), telle que l'enseignent les Védas.

    1 Vaishvanara : 1) L'Être universel; le Soi à l'état de veille (jagrat), qui est le support de l'état de veille ou conscience du corps physique (sthula sharira); la conscience du monde extérieur; 2) épithète d'Agni, en tant que « Celui-qui-pénètre-tout », en rapportant la science qui explique tout l'occulte. Il est alors le Dieu de la Science, la puissance d'Illumination, intérieure comme extérieure; 3) Vaishvanara-Agni est à comprendre comme l'étincelle qui allume le bûcher de la destruction cosmique.
    2 Mahat : le premier-né; le germe originel non évolué du principe créateur d'où sont issus tous les phénomènes du monde matériel. 2) l'Intelligence cosmique, selon le Samkhya, à distinguer de manas, l'intellect abstrait et concret; le 2ème des 25 éléments ou tattvas dénombrés par le Samkhya; 3) synonyme de Hiranyagarbha, selon le Védanta.
    3 Avyakta : le non-développé; le non-manifesté, l’Indifférencié; l’état causal. Dans cet état, les trois gunas sont en équilibre parfait. Synonyme de Prakriti, dans le Samkhya, mais à l'état de virtualité germinative, et non de matérialisation accomplie.
    4 Akshara : «impérissable, immuable » - 1) L'Immobile, l'Immuable, attributs de l'Être suprême; indestructible, sans mort, sans déclin ni corruption; tous ces termes sont en référence au jiva, le Soi individuel, et à Brahman, le Soi suprême; 2) l'ekakshara, la syllabe unique et impérissable : le Om.
    5 Pralaya : « dissolution, réabsorption; destruction, mort » - Destruction partielle de l'univers à la fin d'un kalpa ou jour de Brahma (ou éon), soit 4.294.080.000 années solaires, caractérisé par la réabsorption des mondes physiques et subtils dans le monde causal. Il y a 3 sortes de périodes de dissolution : a) le laya, à la fin d'un mahayuga, caractérisé par la destruction du monde physique; b) le pralaya, à la fin d'un kalpa; c) le mahapralaya, à la fin d'un mahakalpa ou vie de Brahma, soit 309,173,760,000,000 années solaires, caractérisé par la destructions des trois mondes : physique, subtil et causal, qui sont réabsorbés en Shiva. Cf. Glossaire, Cycle cosmique.

             Ici s'achève la seconde section.



LEÇON 2 : LE QUATRIÈME PRINCIPE

             11. Au commencement, il y avait le non-existant. L'homme de sagesse accroît son savoir en méditant sur l'Atman (1) qui est sans naissance, sans lever ni coucher, qui n'est établi nulle part, qui n'émet aucun son, ne possède pas de forme palpable ni visible, pas de saveur, pas d'odeur, ne diminue ni n'augmente en rien.

    1 Atman : le Soi, le principe spirituel universel qui est le substrat des individualités vivantes. L'Atman est le Soi éternel et universel, l’Âme suprême, l’Absolu, Brahman.

             12. L'Atman qui est sans souffle vital, ni visage, ni oreilles, dénué de parole et de mental, sans luminosité, sans yeux, sans nom, sans lignage, sans tête, mains ni pieds, sans douceur, sans circulation sanguine, non mesurable, ni long ni court, ni gros ni minuscule, sans rivage, au-delà de toute description, sans ouverture, ni illuminable, ni scellé, sans intérieur ni extérieur; il ne mange pas, pas plus qu'on ne le mange.

             13. L'être humain ne peut accomplir cette réalisation qu'au moyen de la vérité, de la charité, d'une ascèse adoptée définitivement, du célibat, du détachement accompagné des six vertus (1), dont il observera les trois suprêmes, à savoir le contrôle de soi, la générosité et la compassion. Ses souffles vitaux ne l'abandonnent pas [au moment de sa mort - NdT], mais ils se fondent en Brahman ici-bas [de son vivant - NdT].

    1 Sama-Damadi Guna Sampath : « le groupe des six vertus » dont l'acquisition est un préalable à l'étude de Brahman, selon les Brahma Sutras : 1) Sama: contrôle des organes sensoriels internes, du mental; 2) Dama: contrôle des organes sensoriels externes, du corps, en s'aidant d'une sadhana ou ascèse spirituelle; 3) Uparati: recueillement, repli du mental dans le centre intérieur, accompagné d’indifférence aux objets des sens; calme absolu, équanimité, et sentiment d'abondance caractérisent cet état de renoncement accompli; 4) Titiksha: endurance, patience parfaite, courage moral qui s’allient à un idéal spirituel, et refusent de se laisser affecter ou chagriner par les événements difficiles et les pertes, tout comme par l'ingratitude d'autrui et l'injustice; 5) Sraddha : Foi sans faille en les Écritures (Shastras), en son Guru, en les anciens, et dévotion à leurs prescriptions morales, qui ont pour but de nous mener à l'Atman et à la libération. Seul celui qui possède pleinement la vertu de Shraddha parviendra à réaliser Jnana, la connaissance intime de la Réalité spirituelle, mais il doit ne jamais douter de la valeur de l'enseignement. 6) Samadhana: stabilité du mental, qui est orienté constamment vers l'Atman, et ne perçoit que Lui dans les enseignements du Guru comme dans les paroles des Shastras, dans les bruits du monde comme dans les moindres actes et circonstances du quotidien.

             Ici s'achève la troisième section.



             14. Au centre du cœur se trouve une masse de chair rouge, qui contient le dahara du Lotus (1), fleurissant diversement, tel le nénuphar. Dix cavités se trouvent dans le cœur, logeant les souffles vitaux (2).

    1 Dahara : cœur de la fleur de lotus, cavité occulte dans le corps subtil et/ou la particule d'éther (akasha) qu'elle recèle.
    2 Prana : 1) souffle, respiration, vent; 2) principe de vie, vitalité, énergie, force. L’énergie vitale sous-jacente à toute la manifestation cosmique, individuelle et collective; cette énergie remplit 5 fonctions : - prana : l’appropriation, l'ascension (inspiration); - apana : l’expulsion, la descente (expiration); - vyana : la distribution et la circulation (rétention du souffle); - udana : l’émission de sons; l'assimilation des énergies matérielles en énergies subtiles; le processus de désintégration à la mort physique; - samana : l’assimilation des énergies subtiles transformées par udana (digestion et métabolisme de la nourriture).

             15. Quand le Jiva (l'âme individuelle) est en phase avec Prana (inspiration), il visualise alors des rivières et des cités diverses; lorsque c'est avec Vyana (souffle retenu et distribué), il visualise des Dévas et des Rishis (cf. shloka 9); lorsque c'est avec Apana (expiration), il visualise des Yakshas (cf. shloka 7); lorsque c'est avec Udana (souffle vocal), il visualise les mondes célestes et les dieux Skanda (Jaillissant-telle-la-semence-vitale) et Jayanta (Victorieux); lorsque c'est avec Samana (souffle digestif), il visualise également des richesses; lorsque c'est avec Vairambha (souffle destructeur, violent), il visualise le visible, l'audible, le comestible et le non comestible, le visible et l'invisible.

             16. Puis ces nadis (1) se démultiplient, par centaines; à partir d'eux, se ramifient en tout quelques soixante-douze mille nadis, à l'intérieur desquels le Soi s'assoupit et émet divers bruits fonctionnels; dans le second fourreau (2), celui du double éthéro-astral, il s'assoupit et contemple ce monde et les autres, entend toutes leurs sonorités – et c'est ce qu'on appelle claire-perception. Le prana constitue le bouclier du corps. Dans les nadis circulent des énergies colorées (“sangs”, dit l'Upanishad – NdT), vertes, bleues, jaunes, rouges et blanches.

    1 Nadis : Canaux fluidiques, par lesquels le prana circule dans le corps subtil. Ils sont à celui-ci ce que sont les nerfs et les vaisseaux sanguins au corps physique. Sont également appelés nadis les conduits ou canaux qui transportent l’air, l’eau, le sang, les substances nutritives et autres à travers tout le corps. Ils véhiculent les énergies cosmique, vitale, séminale et autres, aussi bien que les sensations, la conscience et l’aura spirituelle.
    2 Pranamaya kosha, gaine physiologique de l'énergie vitale, comprenant l'aura de santé, le double éthérique, en étroite liaison à l’appareil respiratoire et à l'énergie du corps physique et de ses divers systèmes, mais aussi au corps astral; cf. les 5 pranas et les 5 vayus. Le pranamaya kosha se désintègre après la mort, au même rythme que l'annamaya kosha, ou gaine anatomique de la nourriture, qui forme le sthula sharira, le corps physique, dont parle la visualisation créatrice du shloka précédent. Cf. Glossaire, kosha.

             17. Ce dahara du Lotus porte des floraisons diverses, certaines semblables au nénuphar, d'autres semblables à une chevelure; aussi, les nadis ramifient-ils aussi le cœur. Et le Soi, d'origine divine, retourne sommeiller dans le grand fourreau (1), là où il n'est plus aucun désir, ni même de sommeil, pas un seul dieu ni aucune de leurs demeures, ni Yogas, ni pères, ni mères, ni parents, ni voleurs ni brahmanicides. Car tout ceci est de l'eau (du mirage astral - NdT). Et, de nouveau par le même chemin, en sens inverse, il retourne vers l'état de veille, ce Soi souverain (Samraj).

    1 Anandamaya kosha, ou gaine spirituelle de la joie; forme le karana sharira, le corps causal. Le Svarupa, « Forme du Soi », l'âme dans son essence la plus intime, est le fondement suprême de la vie intelligente de l'âme, et de ses facultés supérieures. Cette essence est Parakashakti, la Conscience pure, unie à Parashiva, l'Absolu. De ce fait, l'anandamaya kosha n'est pas un “corps”, au même titre que les 4 précédents, qui sont extériorisés. C'est un corps de lumière, également nommé karmashaya, dans lequel sont stockées toutes les impressions latentes qui vont engendrer le présent de l'incarnation. Le Karana chitta, « l'esprit causal », représente la conscience la plus haute de l'âme, au niveau de Parakshakti ou Sat-Chit-Ananda. Toujours en retrait de l'âme incarnée, mais toujours reliée à elle, anandamaya kosha est donc cette âme supérieure qui évolue au fil des incarnations, et continue de se perfectionner au-delà de la libération ultime, jusqu'au moment de réintégrer définitivement l'Âme originelle, Parameshvara. Alors, anandamaya kosha subit son ultime métamorphose et devient une cellule de Shivamayakosha, le corps divin manifesté de Shiva.

             Ici s'achève la quatrième section.



             18. L'Être suprême assigne leur place aux possesseurs [du corps] – les nadis sont les courroies de transmission. La vue, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – ce qui est vu, est la divinité – le nerf oculaire est la courroie de transmission. Celui qui se trouve dans l'œil, dans le soleil, dans le nerf, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur (cf. shlokas 1-3 et 14), celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Chakshu tattva: vue (yeux) – cf. Diagramme “Les 36 Tattvas ou Catégories d'existence”.

             19. L'ouïe, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les points cardinaux et leurs gardiens, sont la divinité – le nerf auditif est la courroie de transmission. Celui qui se trouve dans l'oreille, dans les objets audibles, dans les diverses directions, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Shrotra tattva: ouïe (oreilles).

             20. L'odorat, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les odeurs sont les élémentaux, la Terre est la divinité – le nerf olfactif est la courroie de transmission. Celui qui se trouve dans le nez, dans les objets odoriférants, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Ghrana tattva: odorat (nez).

             21. Le goût, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les saveurs sont les élémentaux, Varuna (dieu de l'Océan) est la divinité – le nerf gustatif est la courroie de transmission. Celui qui se trouve dans la langue, dans les objets sapides, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Rasana tattva: goût (langue).

             22. Le toucher, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les perceptions de contact sont les élémentaux, Vayu (dieu des Vents et de l'espace) est la divinité – le nerf tactile est la courroie de transmission. Celui qui se trouve dans la peau, dans les objets tangibles, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Tvak tattva: toucher (peau).

             23. Le mental, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les objets pensables sont les élémentaux, Soma (la Lune) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans le mental, dans les objets pensables, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Manas tattva: mental instinctif (certaines parties du cerveau, mais aussi du cœur).
    2 Soma : a) la Lune; b) l'élixir de béatitude et d'immortalité. Le long de la colonne vertébrale, le soma nadi transporte l'énergie lunaire, tandis que dans le cerveau le soma chakra est le centre de transmutation de cette énergie dans tout l'organisme physique, subtil et psychique.

             24. L'intellect, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les objets intelligibles sont les élémentaux, Brahma (le Créateur) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans l'intellect, dans les objets intelligibles, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Buddhi tattva: l'intellect (certaines parties du cerveau, mais aussi du cœur).

             25. L'ego, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les perceptions égocentriques sont les élémentaux, Rudra (le Maître des puissances terrifiantes) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans l'ego, dans les perceptions égocentriques, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Ahamkara tattva: ego, sens de séparativité (certaines parties du cerveau, mais aussi du cœur).

             26. La parole, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les pensées exprimables sont les élémentaux, Agni (dieu du Feu) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans la voix, dans les pensées exprimables, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Vak tattva: parole (voix).

             27. L'ensemble des contenus mentaux, parmi les éléments subtils, est le possesseur du corps – les objets perceptibles sont les élémentaux, le Jiva (l'âme individuelle) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans l'ensemble des contenus mentaux, dans les objets pensables, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

             28. L'appropriation, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les objets saisissables sont les élémentaux, Indra (dieu de la Pluie et du tonnerre) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans les mains, dans les objets saisissables, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Pani tattva: appropriation (mains).

             29. La locomotion, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – la destination est l'élémental, Vishnu (l'Omnipénétrant) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans les pieds, dans les lieux de destination, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Pada tattva: locomotion (pieds).

             30. L'instinct de procréation, parmi les éléments subtils (1), est le possesseur du corps – les objets délectables sont les élémentaux, Prajapati (le Progéniteur des créatures) est la divinité – des nerfs subtils assurent la transmission. Celui qui se trouve dans l'organe génital, dans les objets délectables, dans le souffle vital, dans la connaissance, dans la félicité, dans l'akasha du cœur, celui qui se meut à l'intérieur de tous ces éléments, c'est le Soi. Médite donc sur ce Soi, qui est sans âge, qui ne connaît pas la mort, ni la crainte ni la souffrance, et qui est sans fin.

    1 Upastha tattva: procréation (organes génitaux).

             31. Le Soi est l'Omniscient, le Tout-puissant, la Loi occulte, source de la totalité, servi par toutes les félicités sans Lui-même participer à celles-ci; servi par tous les Védas et Shastras (1) sans Lui-même participer à ces Écritures; pour Lui, tout ceci est la nourriture qu'Il consomme, sans Lui-même être nourriture pour quoi que ce soit; Il est agent et régent de tout ce qui est à la pointe de l'évolution, Il est constitué de l'Âme de tous les éléments, Il est constitué de Prana (cf. shloka 14) – oui, Il est l'Âme des organes sensoriels, constitué de mental (manas), Il est l'Âme des pensées, constitué d'intellect (buddhi), Il est l'Âme du Temps, constitué de félicité (ananda), enfin Il est l'Âme de la dissolution.

    1 Shastra : Le savoir systématisé et élaboré en traités. Par extension, tout manuel ou recueil de règles, tout livre ou traité, en particulier un traité religieux ou scientifique, toute œuvre sacrée d’autorité divine. Les shastras incluent notamment les codes moraux et sociaux, les traités de connaissance, action et vie justes, les disciplines artistiques, les méthodes de yogas.

             32. Le Soi n'est qu'Unicité, comment pourrait-il y avoir dualité ? Il est immortel, comment pourrait-il y avoir mortalité ? Il n'est pas le connaisseur du champ intérieur, ou du champ extérieur, ou des deux champs. Il n'est pas une masse de connaissances, Il n'est ni connaisseur ni ignorant.

Ici s'achève la cinquième section.



LEÇON 3 : [NARAYANA EST LE PURUSHA - NdT]

             33. Au commencement, il n'existait rien, ni ici ni nulle part; ces créatures naquirent, sans avoir eu de racines ni de support.

             34-5. Narayana (1) est l'œil aussi bien que le visible, l'oreille aussi bien que les sons, le nez aussi bien que les odeurs, la langue aussi bien que les saveurs, la peau aussi bien que les sensations tactiles, le mental aussi bien que le pensable, l'intellect et tous ses contenus, le sens de l'ego ainsi que son champ sensible, la parole et l'exprimable, les mains, les pieds, et leur champ d'action, l'anus et les parties génitales – tout cela est Narayana. À la fois Celui qui préserve, Celui qui ordonne, Celui qui transforme – Il est Tout.

    1 Narayana : « Reposant sur les eaux », est l'aspect de Vishnu endormi, lors d'une résorption de l'univers (pralaya) en son état informel, l'Océan causal. Les restes de la manifestation se sont coagulés pour former le serpent Shesa, qui sert de couche au dieu, devenu « le Seigneur du Non-manifesté ». Dans d'autres contextes, en tant que nom de Brahma, Narayana signifie « Demeure du Savoir ».

             36. Les Adityas (1), les Rudras, les Maruts, les Vasus, les Ashvins, le Rig Véda, le Yajur Véda, le Sama Véda, les Mantras, Agni, le feu sacrificiel et l'oblation – tout cela est Narayana, de même que les mères, les pères, etc.

    1 Adityas : les 12 Principes Souverains majeurs du monde humain, fils d'Aditi, l'Étendue primordiale, et du Sage Kashyapa (Vision).
    Rudras : les 11 principes de vie, de nature ignée, qui gèrent les activités de destruction en vue de rénovation, dont le maître est Shiva.
    Maruts : dieux des vents, principes d'immortalité et souffle vital universel, qui président au prana dans les créatures vivantes.
    Vasus : les 8 sphères d'existence : 1) la Terre, Prithivi, où réside 2) le Feu, Agni, principe de la nutrition; 3) l'Espace, Antariksha, où réside 4) le Vent, Vayu, principe de la Vie; 5) le Ciel, Dyaus, où réside 6) le Soleil, Surya, principe de la Conscience; 7) les Constellations, Nakshatra, où réside 8) la Lune, Soma, principe d'immortalité.
    Ashvins : Jumeaux divins, montant des chevaux, symbolisant l'aube et le crépuscule, qu'ils inaugurent en faisant irruption sur leur chariot d'or (cf. Castor et Pollux, et le char d'Apollon).

             37. Viraja, Sudarsana, Jita, Saumya, Amogha, Kumara, Amrita, Satya, Madhyama, Nasira, Sisura, Asura, Surya, Bhasvati sont Ses noms.

             38. Rugissements, chants, bourrasques, pluies – Varuna (le Destin), Aryama (l'Honneur), Chandra (la Lune), Kala (le Temps), Kavi (le Clairvoyant), Dhata (le Soutien), Brahma (l'Être infini), Indra (les Manifestations célestes), les Jours et les demi-jours, les instants aussi bien que les ères – tous, ils sont Lui.

             39. Tout ceci est le Purusha, le Grand Homme cosmique (cf. shloka 1-3), et uniquement Lui – mais aussi le passé et l'avenir – et le palais suprême de Vishnu ! Il est le grand Œil ouvert au fond des cieux, que les sages contemplent toujours. Et les sages qui sont dénués de tout conflit mental, sont des fleurons ajoutés à Sa gloire.
             Telle est la doctrine de la libération enseignée par les Védas.

             Ici s'achève la sixième section.



LEÇON 4 : NATURE DU RÉGENT INTERNE

             40. Le non-né, l'unique, l'être immortel qui se trouve à l'intérieur du corps, dont le corps est la Terre et qui se meut à l'intérieur de ce corps à l'insu de celle-ci; qui se meut à l'intérieur de l'eau à l'insu de celle-ci; qui se meut à l'intérieur du feu à l'insu de celui-ci; qui se meut à l'intérieur de l'air à l'insu de celui-ci; et qui fait de même à l'intérieur du mental, de l'intellect, de l'ego, de la substance mentale (chitta) (1), du non-manifesté (avkykta) (2), de l'impérissable (akshara) (3), de la mort – c'est le Soi, le régent interne, sans imperfection, le divin Narayana.

    1 Chitta : Pensée. Étoffe ou matière mentale, substance inerte qui est la base et le réceptacle des perceptions et de la mémoire. 1) Le mental compris dans son sens le plus étendu: a) contenu mental; b) substance de la pensée, de l’esprit; 2) une des 4 fonctions de l’organe intérieur, l’antahkarana, soit la faculté d‘attention, de sélection et de rejet; 3) le réceptacle de tous les souvenirs et de toutes les tendances, qui apparaît comme l’ego (ahamkara) qui établit le moi; la conscience, l'esprit.
    2 Avyakta : le non-développé; le non-manifesté, l’Indifférencié; l’état causal. Dans cet état, les trois gunas sont en équilibre parfait. Synonyme de Prakriti, dans le Samkhya, mais à l'état de virtualité germinative, et non de matérialisation accomplie.
    3 Akshara : «impérissable, immuable » - 1) L'Immobile, l'Immuable, attributs de l'Être suprême; indestructible, sans mort, sans déclin ni corruption; tous ces termes sont en référence au jiva, le Soi individuel, et à Brahman, le Soi suprême; 2) l'ekakshara, la syllabe unique et impérissable : le Om.

             41. Cela, Adibrahma le confia à Apantaratamas (Vishnu), Vishnu le confia à Brahma, qui le transmit à Ghorangiras, qui le transmit à Raikva, qui le transmit à Rama. Ce dernier le donna à tous les êtres vivants. Et c'est – en vérité et selon les Védas – la doctrine du Nirvana (1).

    1 Nirvana : « fin, achèvement, conclusion » - L’extinction du monde empirique, équivalent du nirvikalpa samadhi. Synonyme d'émancipation finale, de libération du samsara et d'épuisement du karma, consécutifs à la réalisation de Brahman; synonyme d'expérience absolue, de réalisation et de félicité. Cf. moksha.

             Ici s'achève la septième section.



LEÇON 5 : LE SOI DANS LE CORPS

             42. Dans cette masse de graisses, de chairs et d'humidités qu'est ce corps, est déposé ce pur Soi impersonnel, à l'intérieur de la caverne du cœur (1). Le sage contemple cette Félicité lumineuse et immortelle, incorporelle et impondérable, enchâssée dans cette caverne, ce Soi qui est maître de tout ce qui existe, sans forme, splendeur massive, pure, détachée de tout, scintillant divinement, ce Soi qui déborde de toute limite et dont la forme – s'il en est une – est impondérable. Le sage contemple le Soi, en procédant par sublimation, à l'intérieur de ce corps qui est aussi agité que le bouillonnement d'une eau, aussi creux que la tige du plantain, aussi illusoire qu'une cité aérienne ou qu'une peinture murale, pur produit de nombreux artifices.

    1 Selon la physiologie yoguique, l'atome-germe de la conscience est situé dans le chakra du cœur, l'anahata. Cf. Hridaya, dahara (shloka 14).

             Ici s'achève la huitième section.



             43-56. Raivka (1) demanda alors : « Vénérable, en quoi est-ce que toutes choses disparaissent ? » Brahman répondit : « Le visible disparaît dans les profondeurs de l'œil, où il se résout en le Soi. Le visible disparaît à l'intérieur du Soleil, où il se résout en soleil. Ce qui disparaît dans Virat, l'Homme cosmique (cf. shlokas 1-3 et 4-6), se résout en le Soi dans l'Homme cosmique. Ce qui disparaît dans le Prana (cf. shloka 14), se résout en prana. Ce qui disparaît en Vijnana (2), se résout en Vijnana. Ce qui disparaît en Ananda (Félicité), se résout en Ananda. Ce qui disparaît en Turiya (le Quatrième état), se résout en Turiya. Ce Soi est immortel, sans craintes, sans douleurs, infini et sans postérité. Toutes choses se résolvent en ce Soi – ainsi l'a affirmé Brahman.

    1 Raivka, comme vu au shloka 41, est l'un des transmetteurs de cet enseignement. Et Subala, le sage éponyme, est le dernier de la lignée.
    2 Vijnana : l’intellect. Synonyme de buddhi. Connaissance, sagesse, réalisation, sont les trois caractéristiques de vijnana. Ce mot désigne aussi une connaissance profane obtenue par des expériences terrestres, par opposition à la connaissance du Brahman ou Esprit suprême.

             57. Celui qui connaît cet Être sans postérité, Brahman, devient lui-même sans descendance (1). Il ne connaîtra plus ni naissance ni mort, il n'est plus le jouet de l'illusion, rien ne peut le percer ou le brûler; il ne tremble plus, ne se met plus en colère; il est – dit-on – devenu le Soi, feu qui a tout consumé.

    1 Appliquée à l'être humain, cette notion de “sans postérité, sans descendance” (traduisant l'anglais “seedless”, le sanskrit nirbija) peut s'enrichir de la connotation karmique : sans semences karmiques, sans graines de futur karma. Mais le sens fort, applicable à l'humain autant qu'à Brahman, est “absolu, indépendant, sans conditionnements”.

             58. Ce Soi, on ne l'obtient pas par des centaines d'exposés, ni par une grande érudition, ni en se reposant sur une connaissance purement théorique, ni par le pouvoir d'une excellente mémoire, ni même par le pouvoir des Védas, des sacrifices, des austérités, du Sankhya ou du Yoga, des Ashramas (1), de l'élucidation, des louanges ou des exercices de piété. Mais les Védantistes l'obtiennent, après être parvenus à la paix, au refrènement [des pulsions et désirs – NdT], à la pure intériorité, à la tolérance et à la concentration.

             Ici s'achève la neuvième section.



             59. Puis Raivka demanda : « Vénérable, en quoi est-ce que toutes choses sont établies ? » Brahman répondit : « Dans les Rasatalas (1) . »
              Raivka : « En quoi les Rasatalas sont-ils tissés, chaîne et trame incluses ? »
              Brahma : «  En les régions du Bhu (surface de la Terre, région humaine). »
             « En quoi les Bhus sont-ils tissés ? »
             «  En les régions du Suvar (plan céleste, région semi-divine de l'astral intermédiaire). »
             « En quoi les Suvars sont-ils tissés ? »
             «  En les régions du Mahar (plan céleste “de la grandeur”, région dévique et angélique de l'astral supérieur). »
             « En quoi les Mahars sont-ils tissés ? »
             «  En les régions du Janas (plan causal créateur, région des âmes libérées). »
             « En quoi les Janas sont-ils tissés ? »
             «  En les régions du Tapas (monde de Feu, région des austérités des âmes quasi divines). »
             « En quoi les Tapas sont-ils tissés ? »
             «  En les régions de Prajapati (le Progéniteur des créatures, cf. shloka 30). »
             « En quoi celles-ci sont-elles tissées ? »
             «  En les régions de Brahman (ou Satyaloka, monde de Brahman, plan du Réel absolu). »
             « Tous les mondes (ou régions) sont déployés, chaîne et trame incluses, en Brahman, telles des gemmes enfilées en collier sur un fil. » – Ainsi parla Brahman.
             Quiconque connaît ces mondes tels qu'ils sont déployés en le Soi, devient indéniablement lui-même le Soi.
             Telle est la doctrine du Nirvana (cf. shloka 41) transmise par les Védas.

    1 Rasatala : « région au sol humide » - le cinquième des sept mondes souterrains, appelé également Rijisha (“ce qui est sécrété, exsudat”), monde “infernal” caractérisé par l'égoïsme âpre, l'égocentrisme pur et la possessivité féroce. Correspond au 5ème des sept chakras inférieurs, sous le chakra de base (muladhara), à savoir le chakra des chevilles, siège de l'égoïsme pur. D'où l'importance de croiser (bloquer) les chevilles durant la méditation ! Cf. Diagrammes “Les 14 Lokas” et “Les 21 Chakras” pour une meilleure compréhension des plans/chakras.

             Ici s'achève la dixième section.



LEÇON 6 : LA VOIE VERS LES MONDES SUPÉRIEURS

             60. Raivka demanda encore : «Vénérable, étant donné que cette masse de connaissance a pour visée les mondes supérieurs, vers quelle région se dirige celui qui la possède lorsqu'il prend son départ pour ces mondes ? » Brahman répondit : « Au centre du cœur se trouve un morceau de chair rouge; s'y tient un petit lotus blanc, s'épanouissant, tel le nénuphar, de multiples façons. En son centre, il est un océan ayant en son milieu une île de lumière. Quatre artères sont là : Rama (le plaisant), Arama (le déplaisant), Iccha (le désir), Apunarbhava (le sans-renaissance). Rama mène aux régions du mérite, par la voie du mérite; Arama mène au régions du démérite, par la même voie; Iccha nous mène droit vers ce qui peuple nos pensées; par Apunarbhava, s'effectue la percée du fourreau physique, puis du crâne et de son chakra, des cinq éléments dans l'ordre terre-eau-feu-air-éther, puis c'est la traversée du mental, puis de Mahat, l'Intelligence cosmique (cf. shloka 10), d'Avyakta, le Non-manifesté, d'Akshara, l'Impérissable, de Mrityu, la Mort (1). Cette Mrityu fusionne avec la Divinité suprême. Au-delà, il n'est plus ni être, ni néant, ni combinaison des deux.
Telle est la doctrine du Nirvana transmise par les Védas.

    1 Mrityu : « mort » - la Mort, épithète du dieu Yama, qui fut le premier humain avant de devenir le Seigneur de la Mort.

             Ici s'achève la onzième section.



LEÇON 7 : LE SAMADHI (1)

             61. De Narayana, la Divinité reposant sur les Eaux (cf. shloka 34-5), surgit la nourriture crue (qui est ignorance de l'Atman) au tout début d'un jour de Brahma (2); à la fin de ce jour, au déluge du pralaya, cette nourriture est cuite en Aditya, le Fils de l'Étendue primordiale (3). Par ailleurs, les nourritures, la chair animale, etc., sont cuites au feu gastrique, une seconde fois. Ne mange que ce qui est frais, qui n'a pas été cuisiné pour une autre personne, et ne réclamez pas votre nourriture (4).

    1 Samadhi : état d’union avec le Dieu personnel (Ishvara) ou d’absorption dans le Dieu impersonnel (Atman ou Brahman), la conscience étant extraordinairement vigoureuse, avec une certitude d'omniscience, s'accompagnant d‘un sentiment de joie et de paix indicibles. C'est la 8ème et dernière étape du Yoga; l'esprit s'identifie avec l'objet médité : méditant et objet de méditation, penseur et pensée fusionnent dans cette absorption extatique de l'esprit. On distingue 2 degrés de samadhi: - le savikalpa samadhi, où l’aspirant conserve le sentiment de dualité; - le nirvikalpa samadhi, où toute différenciation est exclue.
    2 Cf. Glossaire, Cycle cosmique : Un kalpa ou jour de Brahma = 4.294.080.000 années solaires.
    Un pralaya (dissolution, ou kalpanta : « fin d'un éon ») = 1 nuit de Brahma : les mondes physiques et subtils sont réabsorbés dans le monde causal, période de repos pour l'âme = même durée que le jour.
    3 Aditya : « Fils-de-l'Étendue-primordiale », le nom le plus courant du Soleil, avec Surya, « le Brillant ». Sous le nom d'Aditya, le Soleil représente l'origine du monde.
    4 Si le sannyasin, le renonçant, comme tout moine mendiant ou ascète, ne doit vivre que de nourriture mendiée, il lui est néanmoins interdit de la réclamer verbalement. Son bol à offrandes, près de lui ou dans sa main, est le signe qu'il attend... mais dépend de l'initiative d'autrui, laissant ainsi au donateur le fruit karmique de ce don.

             Ici s'achève la douzième section.



             62. Le sage doit désirer retrouver sa nature originelle, redevenir l'enfant qui est sans attachement ni défaut. Au moyen du silence, de l'étude, de la libération de ses obligations sociales, on acquiert la solitude véritable. Prajapati, (le Progéniteur des créatures, cf. shloka 30) a déclaré : « Celui qui sait quel est le lieu suprême, doit vivre au pied d'un arbre, vêtu de façon minimale, sans amis, seul dans son samadhi (cf. shloka 61), et il ne doit désirer que le Soi, ayant dompté tous les désirs d'objets, et ayant érodé tous les désirs usuels. Il ne craint ni les éléphants, ni les lions, ni les mouches, ni les mangoustes (1), ni les serpents, ni aucune autre cause réputée de mort. Il doit demeurer semblable à son arbre, qui ne se met jamais en colère, même si on lui coupe des branches; il ne doit pas plus trembler qu'une pierre, et comme le ciel, il demeurera en compagnie de la Vérité.

    1 La mangouste est un mammifère de 50 cm de long, assez proche de la belette; elle se nourrit de serpents, étant naturellement immunisée contre leur venin. On la trouve en Asie et en Afrique.

             63. Au cœur de toute odeur, est l'élément Terre; au cœur de toute saveur, est l'élément Eau; au cœur de toute forme, est l'élément Feu; au cœur de toute sensation tactile, est l'élément Air; au cœur de toute sonorité, est l'élément Éther (akasha, cf. shloka 1-3). Avyakta, le Non-manifesté, est au cœur de tout mouvement; Mrityu, la Mort, est au cœur de toute particule de Sattva (1) comme de tout Jiva (être vivant). Oui, en vérité la Mort fusionne avec la Divinité suprême. Au-delà, il n'est plus ni être, ni néant, ni combinaison des deux.
             Telle est la doctrine du Nirvana (cf. shloka 41) transmise par les Védas.

    1 Sattva : le 1er des 3 Gunas de la Prakriti primordiale; la prime essence, caractérisée par la pureté, la luminosité, l’harmonie et l’équilibre. Le sattva, à l’état pur, se désintègre. Cf. rajas et tamas.

             Ici s'achève la treizième section.



LEÇON 8 : [MRITYU, LA MORT - NdT]

             64. La terre est en vérité la nourriture, l'eau est le dévoreur; l'eau est la nourriture, le feu est le dévoreur; le feu est la nourriture, l'air est le dévoreur; l'air est la nourriture, l'éther est le dévoreur; le mental est la nourriture, l'intellect est le dévoreur; l'intellect est la nourriture, Avyakta, le Non-manifesté, est le dévoreur; Avyakta est la nourriture, Akshara, l'Impérissable (cf. shloka 40), est le dévoreur; enfin, Akshara est la nourriture, Mrityu, la Mort, est le dévoreur. Oui, en vérité la Mort fusionne avec la Divinité suprême. Au-delà, il n'est plus ni être, ni néant, ni combinaison des deux.
             Telle est la doctrine du Nirvana transmise par les Védas.

             Ici s'achève la quatorzième section.



LEÇON 9 : BRÛLER LES PRINCIPES DE BASE

             65. Raivka demanda finalement : «Vénérable, étant donné cette masse de connaissances, lesquelles brûle celui qui les possède, lorsqu'il prend son départ ? » Brahman répondit : « Il brûle les cinq souffles vitaux: Prana (l'inspiration), Apana (l'expiration), Vyana (le souffle retenu et distribué), Udana (le souffle vocal), Samana (le souffle digestif); il brûle Vairambha (le souffle destructeur, violent); il brûle Mukhya (1), Antaryama (rétention du souffle), Prabhanja (“oint de lumière”), Kumara (l'adolescent), Syena (le faucon), Sveta (le blanc), Krishna (le noir), Naga (le génie Serpent), et aussi Prithivi (la Terre), etc., depuis Jagarita (l'état de veille) jusqu'à Turiya (le Quatrième état, transcendant); il brûle Lokaloka (2), dharma et adharma (3); puis enfin les régions qui n'ont jamais vu de soleil, qui n'ont aucune limite et où ne pénètre aucune lumière... Mrityu, la Mort, fusionne avec la Divinité suprême.
             Telle est la doctrine du Nirvana transmise par les Védas.

    1 Mukhyaprana : Souffle vital du cosmos, incarné par le dieu Vayu, dont Mukhyaprana est une épithète signifiant “importance majeure de la vie”, car il est la cause de la mise en action du karma individuel parvenu à maturité, ainsi que de la transmission à la Divinité suprême des actes – positifs et négatifs – de l'incarnation actuelle. Il eut trois incarnations (avatars) afin d'enseigner, guider, et améliorer l'humanité, dont la plus importante fut le dieu-singe Hanuman.
    2 Lokaloka : « Loka + Aloka » - Monde et Non-monde, tout à la fois, Lokaloka est une majestueuse chaîne de montagnes qui ceinture le plus lointain des sept océans concentriques, séparant ainsi le monde obscur du monde lumineux. Au centre de ce mandala géographique, se trouve le mont Méru, axe du monde.
    3 Dharma : Dérivé de la racine « dhri » = porter, soutenir, maintenir, dharma signifie religion, loi, mérite moral, rectitude, bonnes œuvres, code de conduite; ce qui est conforme à l’ordre, à la loi, au devoir, à la justice, dans leur plus haute acception. Cette notion, très large et complexe, est fondamentale à la pensée hindoue.
    Dans le langage courant, dharma signifie droiture, vertu et religion, se résumant en la voie qui sera propice à l'évolution spirituelle maximale dans cette incarnation; c'est l'un des 4 buts de la vie humaine, les 3 autres buts étant Kama (les plaisirs des sens), Artha (l'acquisition de biens  matériels) et Moksha (la libération), ce dernier étant considéré comme le plus noble, mais impliquant l'accomplissement préalable de dharma.
    Ici, dans le contexte métaphysique de ce passage, Dharma doit être pris dans son sens abstrait de soutien du monde, de la Loi sur laquelle tout repose ou de la Nécessité selon laquelle tout est strictement calculé.
    Adharma : (opposé ou privatif de dharma) – Pensées, paroles ou actes qui transgressent la Loi divine. L'iniquité, l'irréligion, le démérite. L'échec dans l'accomplissement de son devoir, l'illégalité, l'amoralisme.

             Ici s'achève la quinzième section.



LEÇON 10 : CONFÉRER BRAHMAVIDYA (1)

             66. La doctrine secrète de Subala ne doit pas être divulguée à celui qui n'est pas établi dans la paix, qui n'est ni un fils ni un disciple, qui fera un séjour inférieur à une année, dont la famille et le caractère ne sont pas connus.
             Mais à celui qui s'est pris d'une dévotion sublime pour la Divinité et, en conséquence, pour son précepteur spirituel, ces idées se révèlent spontanément, comme à toute grande âme (2) !
             Telle est la doctrine du Nirvana transmise par les Védas.

    1 Brahmavidya : Connaissance de Brahman par l’expérience intime; science du Brahman, de la Réalité absolue.
    2 Mahatma: « grande âme » - Désignation usuelle et titre honorifique pour un renonçant (sannyasin), un saint et tout personnage tenu en haute estime. Par ailleurs, est considéré comme telle toute personne – riche de multiples incarnations précédentes consacrées à la recherche spirituelle – qui a développé antérieurement un haut niveau sur l'échelle de l'évolution, et manifeste dons et savoir innés. Le jeune Nachiketas, qui dialogue avec Yama, le Seigneur de la Mort, dans la Katha Upanishad, est un exemple type.

             Ici s'achève la seizième section.



Om ! Ce Brahman est infini, infini est cet Univers.
L'infini procède de l'infini.
Assumant alors l'infinitude de l'Univers infini,
Cela repose comme l'infini Brahman, et Lui seul.

Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi !



Ici se termine la Subalopanishad, appartenant au Sukla Yajur Véda.
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