duminică, 15 aprilie 2012

GARUDA (barbatul vultur) si NAGA (femeia sarpe)

 Гаруда (орел человек) и Нага (змея женщина)


GARUDA este  ''vehicol'' pentru  Vishnu. Garuda  are  diferite  reprezentari ; vultur...sau  barbat  cu  aripi  ,gheare, si  cioc  de vultur....sau   de  vultur  cu  cap  de  om.El  reprezinta  simbolic ''Verbul  Divin'',el  este  cel  care  transmite  ''Verbul  Divin''  in  Univers  (la  fel  ca  Hermes),insa  in hinduism  ,aceasta  faptura  fabuloasa  este  si  simbolul  spermei,fluidul magic  al  dorintelor.




 Garuda  este  fiul  lui  Kashyapa si   al  Vinatâ (unul  dintre  fiii  lui  Daksha). In tinerete indeplineste  o  promisiune  fata  de Kadru mama serpilor ce-si  dore  un  potir  de  nectar  transportat  intr-un  loc  anume,insa reptila o  rapeste  pe  mama  lui  Garuda  si  ii  cere  ceva  suplimentar  pentru  ai  cruta  viata. Sarpele  ii  cere sa-i  aduca  AMRITA,  bautura  Zeiilor,  ''sucul  imortalitatii''.Garuda fura  Amrita  pentru  a-si elibera mama  din  lumea  subterana  a  lui  Naga.Acest   fapt  il  infurie  pe  Zeul  Indra  care  porneste  o lupta  violenta  contra  lui  Garuda.....si  totusi  Garuda  este  invincibil.....(.brutalitatea  razboiului trebuie  inlocuita  cu  dialogul  calm,  bland,  intelegator),    Indra  reuseste  sa-si  atinga  scopul,  folosind ''verbul''  si  nu  ''sabia''....
Garuda  este  ''Regele pasarilor'',devorator  de  serpi,si  cel  mai  mare  dusman  al lui  Naga.
NAGA este  o  alta  vietate  fabuloasa,jumatate femeie jumatate  sarpe,  ce  domneste  in  lumile  subpamantene,pazitoare  a  comorilor.Este  un  simbol al  fecunditatii ,al  fertilitatii  Terrei.
                 
Garuda  si  Naga  sunt  doua emanatii  complementare  ale lui Vihnu,Sunt  aerul  si  pamantul,asa  cum  in  geometrie  avem  Octaedrul simbol  al  aerului,  si  Cubul  al  pamantului....
           Octaederul  are 8 plane,6 varfuri, si 12  muchii
       
    Cubul  are 6 plane,8 varfuri , si  12  muchii.
SECRETUL  ESTE IN  CELE  12  MUCHII  !DOAR  CU  O  MISCARE  DE  TRANSLATIE  SE  POATE  TRANSFORMA  UN  CUB  IN  OCTAEDRU  SI  INVERS  UN  OCTAEDRU  IN  CUB.
          

 Prin  unirea  barbatului  cu  femeia, a  lui Garuda cu  Naga,  a  aerului  cu  pamantul,  a  octaedrului  si  a  cubului,  rezulta  un  ANDROGIN,.......PACEA......ECHILIBRUL.....OUL  MATEMATIC (bipiramida patrata giro- alungita).
                  24  de  muchii, 16 plane,  si  10  varfuri,totata  stiinta  si  intelepciunea  Lumii in  acelasi  simbol  !
 http://mistermatematic.blogspot.com/2011/04/oul-matematic-epura-proiectia-in-plan.html
     
Cand  fuziunea se  realizeaza  ''femeia-sarpe'' ZBOARA...pluteste....

                  
                

''Erotica  reptiliana'' o  mica  poveste  visata  cu  cativa  ani  in  urma,ce  pastreaza  camuflata in ea ....mitul  antic.
---------------------------------

O  sa  copiez  mai  jos  materiale  bibliografice ,Sper  ca  voi  reusi  sa  le  si  traduc.  Sunt  acolo  (aici)  amanunte  foarte  interesante  despre  Garuda,despre vultur ,regalitate,viclenie,eroism..despre  Soma (identificata  ,sau asemanata, de  un  cercetator  cu,''seva'' unei  ciuperci  ;Amanita  Muscaria----muscarita),  si  un  fragment  din Upanisade.......


Garuda

L'Aigle blanc de Vishnu



Voir des photos

Le véhicule (monture) de Vishnu est l'aigle Garuda. De même que Nandi, le vâhana (monture) de Shiva est le plus souvent placé face au sanctuaire du dieu, à l'extérieur du temple, de même Garuda n'est-il pas toujours aux côtés de Vishnu, mais juste en face du sanctuaire central. Cependant, dans bon de nombre de représentations, comme la scène de Gajendramoksha, Vishnu chevauche son aigle qui le conduit à travers les cieux.

Généralement, Garuda a un visage humain et des ailes d'aigle. Parfois, seul son corps est humain, avec un visage de rapace et des ailes. Ses deux mains sont ramenées devant sa poitrine et jointes dans un geste de prière. Dans les images de métal de Garuda, on le voit souvent le genou gauche au sol. Un serpent décore sa tête (Garuda est un grand amateur mangeur de serpents). Dans certains cas, Garuda montre, de ses deux mains, l'abhaya et le varada mudra. Rarement, on le voit porter dans sa main droite un pot de nectar. En effet, dans sa jeunesse, Garuda eut à transporter loin de l'Inde le pot de nectar, pour accomplir une promesse qu'il avait faite à Kadru, la Mère des serpents.

Fils de Kashyapa et de Vinatâ (l'une des filles de Daksha), il aurait volé l'Amrita, le Nectar d'Immortalité des Dieux, afin de sauver la vie de sa mère, prisonnière des Nâga auxquels, par la suite, il voua une haine mortelle. Indra tenta de la combattre pour reprendre possession du breuvage sacré mais ne put y parvenir que par la persuasion, car la puissance formidable et le courage indomptable de Garuda dissuadent toute action brutale.

Garuda est le frère d'Aruna, le cocher de Sûrya. Il eut six fils de son union avec Unnati.

Garuda représente symboliquement la Parole magique qui vole, et les enseignements hermétiques des Veda. Il symbolise aussi le sperme, la substance du désir.

D'autres noms de Garuda sont Vajrâjit, "Plus fort que l'éclair", Suparna, "Celui qui a de grandes ailes", Garutmân, "Le Chef des Oiseaux", Sitâtana, "Celui qui a une tête blanche", Gaganeshvara, "Le Seigneur du Ciel", Rasayâna, "Celui qui est rapide comme le Mercure", Nâgântaka, "Le Destructeur des serpents Nâga", etc., autant de noms et d'épithètes qui soulignent ses qualités.

Le culte de Garuda n'est pas limité à l'Inde. On le rencontre très fréquemment en Népal, en Indonésie, au Cambodge, en Thaïlande. (  http://ganapati.perso.neuf.fr/dieux/etresdivins/garuda.html  )  


   Garuda étant le véhicule de Vishnu, cette posture est reliée au centre du coeur ainsi qu'à l'aspect préservateur de la divinité. Au delà de la légende et de la symbolique, l'aigle garde encore aujourd'hui, une place à part dans le règne animal, il se situe au sommet de la chaîne alimentaire. A part l'homme, il n'a pas de prédateur direct qui pourrait lui contester sa supériorité, de plus il s'agit d'un animal extrêmement conscient et doué d'une farouche intelligence de survie. Il est vraiment un animal magnifique.   

    Chez plusieurs peuples d'Amérique Centrale, la forme du cactus sacré (“peyotl” ou “hicouri”) symbolise “l'Oeuf du Monde”. Il en émerge un aigle tenant un serpent dans son bec.

L'aigle tenant un serpent dans son becLe combat de l'aigle et du serpent se retrouve dans nombre de traditions. Dans la tradition indienne par exemple, l'oiseau mythique Garuda, originellement un aigle, est souvent représenté dans son combat contre le Nâga. Ailleurs, il est remplacé par d'autres oiseaux destructeurs de serpents tels que l'ibis, la cigogne ou le héron. L'aigle et son ennemi symbolisent l'opposition entre le Ciel et la Terre, entre l'ange représentant les états supérieurs et le démon assimilé aux états inférieurs, entre le monde céleste et le monde infernal. Rien d'étonnant dès lors que l'un des principaux symboles du dieu égyptien Toth, l'ibis destructeur de reptiles, soit devenu un symbole du Christ.

Quetzalcoatl, symbole de l'union des opposésCependant, cette image de l'aigle tenant un serpent dans son bec n'évoque pas exclusivement l'idée d'antagonisme entre les mondes d'en haut et d'en bas. Le serpent de la bouche duquel sort “l'Oeuf du Monde” symbolise aussi le Verbe, la parole de l'union du Ciel et de la Terre dépeinte par le grand dieu du panthéon mexicain, Quetzalcoatl, le serpent à plumes formé d'un oiseau (quetzal) et d'un serpent (coatl).

L'union du Ciel et de la Terre se retrouve dans les ailes et les deux serpents du Caducée où ces derniers symbolisent les deux voies ascendante et descendante entre le Ciel et la Terre. Il est l'attribut d'Hermès, le Messager entre les mondes céleste et terrestre et le pendant grec du dieu égyptien Toth.

Ces différents dieux symbolisent tous l'état primordial, préalable à la polarisation Ciel/Terre et à notre perception antagoniste de deux mondes qui en réalité ne font qu'un. Ces rapprochements entre traditions diverses n'ont qu'un seul but: montrer leur unité profonde quant au message qu'elles transmettent.

La polarisation du Ciel et de la Terre est à la base de la manifestation. Sans, elle aucun être, aucune chose ne pourrait
exister. Produit de l'unité du monde, l'être ne peut que retourner vers cet état primordial et retrouver l'unité perdue.  
  
La polarisation constitue le sacrifice nécessaire sur la voie de la manifestation qui signifie désintégration. À nous de remonter le courant et de retrouver l'état d'union dont parlent toutes les traditions. L'être ré-intégré peut alors soit rester dans le non manifesté soit revenir dans le monde manifesté et faire à tous don de son sacrifice.

Le blason du drapeau mexicain nous rappelle que si la lutte est une étape nécessaire de l'existence pour prendre conscience de la réalité du monde, elle ne saurait en constituer le but qui réside dans l'union entre les êtres et avant tout de l'être avec lui-même.      (   http://users.skynet.be/lotus/flag/mexico0-fr.htm  )  


      Les nâgas
Les femmes mi-serpent des mythes hindoux.

Les nâgas vivent dans le monde souterrain où elles gardent les trésors de la terre. Créatures anthropomorphiques, on les représente généralement comme des femmes au corps de serpent. Parfois elles ont plusieurs têtes avec des gueules de chien.



Naga



Comme l'Ourobouros chez les grecs, elles représentent le cycle du temps et sont les ennemies légendaires du Garuda, l'aigle géant. Comme lui, elles sont l'une des incarnations de Vishnou et apportent la fécondité du sol et des femmes.

Elles sont également les intermédiaires entre le ciel et la terre aussi avec l'Au-delà. On dit que quand Bouddha descend du ciel, il emprunte un arc-en-ciel dont les rampes sont deux nâgas. C'est pour cette raison que dans les temples hindoux, les balustrades ont souvent la forme de nâgas.(  http://www.dol-celeb.com/creatures/nagas.html  )   


    L'Aigle

L'Aigle est le roi des oiseaux, l'incarnation ou le messager de la plus haute divinité ouranienne et du feu céleste, le Soleil, que lui seul ose regarder en face sans se brùler les yeux. C'est un symbole si considérable qu'il n'est point de récit ou d'image, historique ou mythique, dans notre civilisation comme dans toutes les autres, où l'aigle n'accompagne les plus grands dieux comme les plus grands héros : il est l'attribut de Zeus (Jupiter) et du Christ, l'emblème impérial de César et de Napoléon, et, dans la prairie américaine comme en Sibérie, au Japon, en Chine, comme en Afrique, les chamans, prêtres et devins aussi bien que les rois et chefs de guerre empruntent ses attributs pour participer à ses pouvoirs.

Il est aussi le symbole primitif et collectif du père et de toutes les figures de la paternité et enfin, il couronne le symbolisme général des oiseaux, qui est celui des états spirituels supérieurs et donc des anges, comme l'atteste souvent la tradition biblique.

L'aigle est le substitut du soleil dans la mythologie asiatique et nord-asiatique ; il en va de même dans les mythologies amérindiennes et chez les Indiens de la prairie. La plume d'aigle et le sifflet en os d'aigle sont indispensables à qui doit affronter l'épreuve de la danse qui regarde le soleil. Même identification chez les Aztèques et aussi au Japon (le Kami, dont le messager est un aigle dénommé "aigle du soleil").

Dans leur représentation de l'univers les Indiens Zunis placent l'aigle avec le soleil au cinquième point cardinal, qui est le Zénith. Ils le placent ainsi sur l'axe du monde, comme les Grecs pour lesquels les aigles, partis de l'extrémité du monde, s'arrêtent à la verticale de l'omphalos de Delphes : ils suivent ainsi la trajectoire du soleil, du lever au zénith, qui coïncide avec l'axe du monde.

Occupant aussi la place de la divinité suprême ouranienne, l'aigle est dans le panthéon indien comme auprès de Zeus, le maître de la foudre et du tonnerre. Ses ailes déployées évoquent les lignes brisées de l'éclair, aussi bien que celles de la croix. Alexander voit dans les deux images de l'aigle-éclair et de l'aigle-croix les symboles de deux civilisations, celle des chasseurs et celle des agriculteurs. Selon cet auteur, l'aigle divinité ouranienne, Oiseau-Tonnerre, est à l'origine l'emblême principal des civilisations de chasseurs nomades, guerriers, conquérants, comme la croix est l'emblème des civilisations agraires. A l'origine des cultures indiennes, l'un incarne le Nord, le froid et la polarité mâle ; l'autre est caractéristique du Sud, rouge, humide et chaud, avec la polarité femelle. Il ne faut pas oublier ici, que Nord et Zénith, Sud et Nadir, s'apparentent comme devant et dessus, derrière et dessous. Mais, avec le temps, les deux civilisations se mariant, ces deux symboles, d'abord antagonistes, se superposent et se confondent : la croix de forme géométrique simple, du type romain, devient finalement, même pour les Peaux-Rouges des plaines, le symbole du faucon ou de l'aigle aux ailes étendues - et cela sans aucune influence européenne. Et l'Oiseau-Tonnerre devient aussi, à mesure que le temps passe et que les cultures se mélangent, le Seigneur de la Fertilité et de la Terre symbolisée par la Croix.

Chez les Aztèques, dont les deux grandes confréries guerrières étaient celle des chevaliers-aigles et celle des chevaliers-jaguars, le coeur des guerriers sacrifiés sert d'aliment à l'Aigle solaire. On les appelle les gens de l'aigle. La valeur symbolique des guerriers tombés au combat et celle des hommes sacrifiés à l'Aigle solaire est la même : ils nourrissent le soleil et l'accompagnent dans sa course.  Cette association symbolique de l'aigle et du jaguar se retrouve dans la description du trône d'apparat de l'empereur aztèque : il était assis sur un plumage d'aigle et adossé à une peau de jaguar . On pourrait citer quantité d'autres exemples de l'association Aigle-Jaguar chez les Indiens des deux Amériques.

Dans les Vedas, l'oiseau mythique Garuda est un aigle à l'origine. Oiseau solaire, brillant comme le feu, monture de Vishnu - lui-même de nature solaire,  Garuda est nâgâri, ennemi des serpents, ou nâgântaka, destructeur de serpents. La dualité de l'aigle et du serpent symbolise universellement celle du Ciel et de la Terre, ou la lutte de l'ange contre le démon. Au Cambodge, Garuda est l'emblème des souverains de race solaire, le Nâga celui des souverains de race lunaire. Garuda est encore la Parole ailée, le triple Veda, un symbole du Verbe, ce que l'aigle est également dans l'iconographie chrétienne. Garuda est encore symbole de force, de courage, de pénétration ; ce qu'est aussi l'aigle, en raison de l'acuité de sa vision.

Doté de cette force solaire et ouranienne que, montre à l'évidence la puissance de son envol, l'aigle devient tout naturellement l'oiseau-tutélaire, l'initiateur et le psychopompe entraînant l'âme du chaman à travers les espaces invisibles. Les traditions américaines et asiatiques se recoupent et se renforcent ici continuellement, ne serait-ce que par l'utilisation identique de la plume d'aigle dans les pratiques chamaniques des deux continents.

Ainsi, en Sibérie le chaman danse longtemps, tombe à terre inconscient et son âme est portée au ciel dans une barque tirée par des aigles ; chez les Pavitso, Indiens d'Amérique du Nord, un bâton portant à son extrémité une plume d'aigle procurée par un chaman, est posé sur la tête du malade et le mal se trouve emporté, comme le chaman par l'aigle dans ses vols magiques. Dans la même aire culturelle, une croyance fondamentale veut qu'un aigle soit posé sur la cime de l'arbre cosmique pour veiller comme un remède à tous les maux que contiennent ses branches. Initiatrice et psychopompe aussi est la grande aigle qui sauve le héros Tôshtük du monde d'en bas pour l'élever au monde d'en haut ; elle seule est capable de voler d'un monde à l'autre. Par deux fois, elle avale le héros moribond pour lui refaire le corps dans son ventre, avant de le remettre au jour... images initiatiques, révélant un pouvoir de régénération par absorption.

L'aigle fait partie, dans un récit gallois, des Anciens du monde ; ce texte correspond au récit irlandais de Tuan Mac Cairill et à un passage du Mabinogi de Kulhwch et Olwen : l'aigle fait partie de ces animaux primordiaux initiateurs, comme le merle, le hibou, le cerf et le saumon. On n'en connaît pas d'autre apparition dans la mythologie celtique, hormis la métamorphose de Llew en aigle quand il vient d'être tué par l'amant de sa femme adultère Blodeuwedd, dans le Mabinogi de Math ; mais il apparaît assez souvent en numismatique gauloise. Son rôle semble avoir été tenu en Irlande par le faucon.

Nous retrouvons l'image archétypale du Père associée à celle de l'initiateur et du Psychopompe dans ce mythe sibérien rapporté par Uno Harva, qui fait de l'aigle le héros civilisateur Père des chamans : le Très-Haut envoie l'Aigle au secours des hommes, tourmentés par les mauvais esprits qui leur apportent les maladies et la mort ; mais les hommes ne comprennent pas le langage du messager ; Dieu lui dit de donner aux hommes le don de chamaniser ; l'aigle redescend et engrosse une femme ; celle-ci donne naissance au premier chaman.

La tradition occidentale, elle aussi, dote l'aigle de pouvoirs exceptionnels qui le placent au-dessus des contingences terrestres. Ainsi, bien qu'il ne soit pas immortel, il possède un pouvoir de rajeunissement. Il s'expose au soleil et, quand son plumage est brûlant, il plonge dans une eau pure et retrouve ainsi une nouvelle jeunesse (ce qu'on peut comparer avec l'initiation et l'alchimie, qui comprennent le passage par le feu et par l'eau). Sa vue perçante en fait un clair-voyant en même temps qu'un psychopompe. Il est, en pleine chrétienté, censé emporter l'âme du mort sur ses ailes, afin de la faire retourner vers Dieu. Un vol de descente signifie la descente de la lumière sur la terre.

De voyant, il devient divinateur. Dans l'Antiquité méditerranéenne l'art de la divination interprète le vol des aigles pour percevoir les volontés divines. L'aigle romain, comme le corbeau germano-celtique, est essentiellement le messager de la volonté d'en haut.

Divinateur, et souvent confondu avec d'autres rapaces nobles, tel apparait aussi l'aigle dans la tradition iranienne. Déjà à l'époque des Mèdes et des Perses, il symbolisait la victoire. Selon Xénophon, lorsque les armées de Cyrus vinrent au secours du roi des Mèdes Cyaxare, en guerre contre les Assyriens, un aigle survola les armées iraniennes et cela fut interprété comme un heureux présage. Même Eschyle  imagine que la défaite des Perses devant les Grecs fut annoncée en songe à Atossa par la vue d'un aigle poursuivant un faucon. Hérodote raconte qu'au moment où Darius et les sept notables de l'Iran hésitaient à marcher sur le palais de Gaumata, roi usurpateur de Perse, ils virent sept couples de faucons poursuivre deux couples de vautours et leur arracher les plumes : cela fut considéré comme de bon augure pour la réussite de leur dessein et ils partirent à l'assaut du palais.

L'étendard de l'Iran achéménide était composé d'un aigle d'or aux ailes déployées et posé au bout d'une lance, ce qui symbolisait la puissance et la victoire des Perses dans les guerres. Ferdawsi  parle également dans son Shâhnâma (Livre des rois) du drapeau de l'Iran ancien sur lequel un aigle figurait. C'est notamment la notion de varana puissance divine et lumière de gloire en Mazdéisme (religion de l'Iran préislamique) qui est attachée à ce symbole.

Dans l'Avesta, le varana a été symbolisé par un aigle ou un faucon. Lorsque le roi légendaire de l'Iran, Djamshîd, le premier roi du monde selon ce livre, proféra un mensonge, le varana qui habitait en lui le quitta de façon apparente sous forme d'un oiseau, vâraghna (faucon). Aussitôt, le roi se vit dépouillé de toutes ses facultés prodigieuses ; il fut vaincu par ses ennemis et perdit son trône.

L'apparition de l'Islam n'altère pas le symbole de l'aigle. Dans plus d'un conte, un magicien prouve sa suprématie sur un autre en se transformant en aigle.

Un pouvoir surnaturel est attribué à cet oiseau dans les vieilles pharmacopées, qui prescrivent de boire du sang d'aigle pour acquérir vigueur et bravoure et prétendent que sa fiente, mêlée à une sorte de boisson alcoolique appelée sikî, porte remède à la stérilité des femmes. De nos jours encore, pour les nomades Yürük de Turquie, l'aigle représente l'âge de la pleine puissance paternelle, à mi-chemin du poisson, âge de l'adolescent, et du mouton, âge du vieillard.

Dans les rêves et la mantique orientaux, l'aigle symbolise un roi puissant, tandis qu'un roi est le présage d'un malheur. Le folklore a maintenu cette valeur symbolique de l'aigle. Dans "Les secrets de Hamza", le roi Anùshiravân voit en songe un vol de corbeaux venant de Khaybar. Celui qui est en tête s'empare de sa couronne. A ce moment, trois aigles royaux venant de la direction de la Mecque fondent sur le corbeau et lui reprennent la couronne qu'ils rendent à Chosroês. Ce rêve est interprété par le vizir Bûzardjomehr comme désignant un ennemi du roi qui sera vaincu par l'émir Hamza, 'Amr (w) son écuyer, et Moqbel son archer. La qualification d'aigle royal est employée plusieurs fois pour désigner ces trois personnages qui sont appelés aussi sâheb-qarân, c'est-à-dire seigneurs de l'époque qui remportent la victoire sur les infidèles, ce qui leur vaut d'être comparés à des aigles.

L'Aigle gauche : comme tout symbole, l'aigle possède aussi un aspect nocturne maléfique ou gauche ; c'est l'exagération de sa valeur, la perversion de sa puissance, la démesure de sa propre exaltation. Le dualisme du symbole s'exprime déjà chez les Indiens Pawnee. A. Fletcher a observé que chez eux, l'aigle brune, femelle, est associée à la nuit, à la Lune, au Nord, à la Mère Primordiale, captatrice, généreuse et terrible, tandis que l'aigle blanc, mâle, est associé au jour, au Soleil, au Sud, au Père Primordial, dont la figure peut aussi devenir dominatrice et tyrannique.

Dans les rêves, l'aigle, comme le lion, est un animal royal qui incarne des pensées élevées et dont la signification est presque toujours positive. Il symbolise le brusque saisissement, la passion consumante de l'esprit. Mais son caractère d'oiseau de proie qui enlève ses victimes dans ses serres pour les conduire en des lieux d'où elles ne peuvent s'échapper, lui fait symboliser aussi une volonté de puissance inflexible et dévorante.

Appliqué à la tradition chrétienne le même renversement d'image conduit du Christ à l'Antéchrist  : l'aigle, symbole d'orgueil et d'oppression, n'est plus dès lors que rapace cruel, ravisseur ..(  http://fugues.canalblog.com/archives/2011/11/01/22540907.html   )
   
-------------=========--------
   Chez plusieurs peuples d'Amérique Centrale, la forme du cactus sacré (“peyotl” ou “hicouri”) symbolise “l'Oeuf du Monde”. Il en émerge un aigle tenant un serpent dans son bec.

L'aigle tenant un serpent dans son becLe combat de l'aigle et du serpent se retrouve dans nombre de traditions. Dans la tradition indienne par exemple, l'oiseau mythique Garuda, originellement un aigle, est souvent représenté dans son combat contre le Nâga. Ailleurs, il est remplacé par d'autres oiseaux destructeurs de serpents tels que l'ibis, la cigogne ou le héron. L'aigle et son ennemi symbolisent l'opposition entre le Ciel et la Terre, entre l'ange représentant les états supérieurs et le démon assimilé aux états inférieurs, entre le monde céleste et le monde infernal. Rien d'étonnant dès lors que l'un des principaux symboles du dieu égyptien Toth, l'ibis destructeur de reptiles, soit devenu un symbole du Christ.

Quetzalcoatl, symbole de l'union des opposésCependant, cette image de l'aigle tenant un serpent dans son bec n'évoque pas exclusivement l'idée d'antagonisme entre les mondes d'en haut et d'en bas. Le serpent de la bouche duquel sort “l'Oeuf du Monde” symbolise aussi le Verbe, la parole de l'union du Ciel et de la Terre dépeinte par le grand dieu du panthéon mexicain, Quetzalcoatl, le serpent à plumes formé d'un oiseau (quetzal) et d'un serpent (coatl).

L'union du Ciel et de la Terre se retrouve dans les ailes et les deux serpents du Caducée où ces derniers symbolisent les deux voies ascendante et descendante entre le Ciel et la Terre. Il est l'attribut d'Hermès, le Messager entre les mondes céleste et terrestre et le pendant grec du dieu égyptien Toth.

Ces différents dieux symbolisent tous l'état primordial, préalable à la polarisation Ciel/Terre et à notre perception antagoniste de deux mondes qui en réalité ne font qu'un. Ces rapprochements entre traditions diverses n'ont qu'un seul but: montrer leur unité profonde quant au message qu'elles transmettent.

La polarisation du Ciel et de la Terre est à la base de la manifestation. Sans, elle aucun être, aucune chose ne pourrait
exister. Produit de l'unité du monde, l'être ne peut que retourner vers cet état primordial et retrouver l'unité perdue.
  
La polarisation constitue le sacrifice nécessaire sur la voie de la manifestation qui signifie désintégration. À nous de remonter le courant et de retrouver l'état d'union dont parlent toutes les traditions. L'être ré-intégré peut alors soit rester dans le non manifesté soit revenir dans le monde manifesté et faire à tous don de son sacrifice.

Le blason du drapeau mexicain nous rappelle que si la lutte est une étape nécessaire de l'existence pour prendre conscience de la réalité du monde, elle ne saurait en constituer le but qui réside dans l'union entre les êtres et avant tout de l'être avec lui-même.      (   http://users.skynet.be/lotus/flag/mexico0-fr.htm  )      


                 Les nâgas
Les femmes mi-serpent des mythes hindoux.

Les nâgas vivent dans le monde souterrain où elles gardent les trésors de la terre. Créatures anthropomorphiques, on les représente généralement comme des femmes au corps de serpent. Parfois elles ont plusieurs têtes avec des gueules de chien.



Naga



Comme l'Ourobouros chez les grecs, elles représentent le cycle du temps et sont les ennemies légendaires du Garuda, l'aigle géant. Comme lui, elles sont l'une des incarnations de Vishnou et apportent la fécondité du sol et des femmes.

Elles sont également les intermédiaires entre le ciel et la terre aussi avec l'Au-delà. On dit que quand Bouddha descend du ciel, il emprunte un arc-en-ciel dont les rampes sont deux nâgas. C'est pour cette raison que dans les temples hindoux, les balustrades ont souvent la forme de nâgas.(  http://www.dol-celeb.com/creatures/nagas.html  )

------------------------------------------------------------===========
L'aigle et le serpent
Note sur l'acte sacrificiel dans l'Inde ancienne (2)

Ces pages (HTML) tentent de souscrire à une double exigence : - classique, une fidélité à la lettre qui emprunte ses moyens à la doctrine des spécialistes ; - plus inusuelle, dans la mesure où ces moyens servent aussi ici un intérêt herméneutique plus général touchant l'affinité de l'évaluation – de la définition du bien et du mal – et de la forme vivante, avec le propos de contribuer à la recherche d'invariants qui informe ce site. C'est dans cette idée que, se référant à l'exégèse philologique et à l'exégèse traditionnelle et s'autorisant, notamment, pour ce qui concerne l'interprétation des équivalences symboliques, de la lecture du théologien cinghalais A. Coomaraswamy (pour qui les textes ici étudiés ont un sens que n'épuise pas l'archéologie), les remarques qui suivent visent à mettre en évidence les articulations essentielles du sacrifice védique, telles que révélées par les manuels liturgiques des brahmanes.

"Bonjour, bonjour brontosaure
Ça fait longtemps qu'on s'est vu
Moi tu sais, j'existe encore
Et toi tu n'existes plus [...]
Tu beuglais sans avenir ;
Je trimais comme je trime [...]
Tu dormais; moi je forgeais
Mes terribles industries.
Ah, ces forêts spongieuses
Qui clignent de lents sommeils
Sont la paillasse où se gueuse
Ton gélatineux sommeil.
Tout engourdi, tu pissais,
Mal nourri de boue amère.
Ce qui fait bien manger c'est
La guerre, mon chou, la guerre.
Je frappais, luttais, trimais,
Tuais, tordais, tout en nage [...]
Ma tête sur ton épaule
Mais mon couteau dans ton flanc.
Dormir! Tu dormais ta vie
Runinant infiniment
Ton ciel vert, tes eaux croupies
Et tes flasques aliments.
Tant de siècles de lésine
A pourrir dans tes urées,
A puer dans tes urines,
Ca ne pouvait plus durer [...]
Adieu, gros têtard, salut !
Dors maintenant dans les livres.
T'étais trop feignant pour vivre
Et les temps sont révolus."

Norge, Le trimeur, La Belle Saison, 1973.

"Aux époques d'épée, on faisait bon marché de sa vie; aux époques de dandysme on fait bon marché de sa volonté. Vivre est si nauséeux qu'on s'abandonne sous le martellement de l'habitude à ce lent suicide : l'ivresse de l'inertie.

Joséphin Péladan, Le Vice suprême, 1884.

Le hymnes du Véda et les Brâhmanas font référence à un événement donné comme l'origine de la manifestation et de l'ordre du monde, l'Acte par lequel le dieu Indra a terrassé un monstre qui, couché sur la montagne, "bloquait" les eaux, la lumière et la vie... Au terme d'une minutieuse étude de mythologie et de philologie, Emile Benvéniste et Louis Renou concluent au peu de consistance du monstre en question : "Né d'un jeu verbal, Vrtra sort à peine de la fiction. Sa nature banale, ses épithètes sans relief, la pâleur de ses descriptions soulignent, en dépit de leurs variations, le processus verbal qui l'a créé. Il n'existe que par des formules et n'agit qu'en vertu de leurs combinaisons (...) Tout cela concourait à la création d'une entité qui est, à la lettre, un agrégat de formules et comme une excroissance du tissu verbal" (1934 : 178). Mais il reste à comprendre quelle nécessité a pu conduire la pensée indienne à lancer un champion de l'humanité contre une fiction grammaticale, en un combat à l'issue duquel Indra victorieux est dit Mahâpurusa "Grand Homme", ou mieux encore : Cakravartin : "Celui qui fait tourner la roue cosmique".

L'acte sacrificiel est assimilé à la libération créatrice d'Indra. "Ils le nomment multiple, lui qui est en réalité Un" (R.V. V,164,46). Ce qui se dit Prajâpati, Agni, Soma, Brâhma est Un, comme est un l'Acte créateur. "En vérité, Prajapati, le Sacrifice, c'est le Roi Soma" (S.Br. XII,6,1,1). L'obtention du soma, la liqueur sacrificielle, est, en effet, un "meurtre". "Ils tuent le sacrifice quand ils l'accomplissent; quand ils pressent le Roi (Soma), ils le tuent" (S.Br. IV,3,4,1) – les planches du pressoir sont qualifiées de "meutrières du démon et du maléfice". Ce meurtre est celui d'un serpent ou d'un dragon le plus souvent dénommé Vrtra. C'est pour délivrer Agni et Soma que Vrtra avait avalés qu'Indra le frappe : "Indra frappa Vrtra pour Agni et Soma" (T.S. VI,1,11,6). "Soma était Vrtra" (S.Br. III,9,4,2) "Soma était dans le ciel... ces montagnes, ces rochers sont son corps" (id.). "C'est à la manière d'Ahi qu'il (Soma) quitte en rampant sa vieille peau, et c'est tel un puissant coursier qu'il s'élance" (R.V. V,86,44). Le sacrifice consiste en la délivrance de Soma.

Deux représentations du dieu Soma

Le soma est une liqueur spiritueuse obtenue par le pressurage d'une plante qui croît sur les montagnes. Son nom signifie uniment : "le pressuré", "l'exprimé" (somah). Le sacrifice de soma est effectué annuellement, au printemps, un jour de syzygie. C'est un rituel complexe qui inclut notamment la diksâ, des sacrifices animaux, la construction de foyers, l'installation des "chariots à soma", des planches à pressurer, des résonateurs (destinés à amplifier le bruit du pressurage). Gorgées d'eau par aspersion, les tiges sont frappées par les pierres du pressoir ; le suc obtenu est alors filtré dans un tamis de laine... Le soma enivre mystiquement. Aussi redoutable que bienfaisant, comme la puissance sacrée : "Ne nous fait pas trembler ô Soma, ne nous inspire pas la crainte ô Roi ; que ta violence ne nous brise pas le coeur" (R.V. VIII,68,8). Il est la boisson d'immortalité, la sève cosmique : "Là où brille la Lumière, (Où bondissent les eaux de Jouvence... Où coule le miel à satiété... Où se satisfait chaque désir) Emmène-moi, Soma, que je devienne un Immortel" (R.V. IX,133,7). Il est la substance d'offrande par excellence, l'âme du sacrifice (R.V. IX,2,10). Les indianistes nous apprennent que le soma que l'on presse aujourd'hui n'a plus rien des vertus dont parlent les textes védiques et que le secret en est perdu. Asclepias acida ? chanvre ? ephedra ?... c'est vraisemblablement l'amanite tue-mouche, Amanita muscaria, "fly-agaric", comme les travaux de R. G.Wasson l'ont démontré - Soma: Divine Mushroom of Immortality, Harcourt, Brace and Jovanovich, New York, 1967.




SOMA - Divine Mushroom of Immortality
R. Gordon Wasson
Publisher: Harcourt Brace Jovanovich, INC
(1967)



Muscarine et Muscimol

Le principe actif de l'amanite tue-mouche est le muscimol
qui bloque la communication entre les synapses et provoque des hallucinations

Quoi qu'il en soit des qualités spécifiques de la substance obtenue, on peut se demander si l'acte de presser les pousses et les tiges de soma serait ainsi magnifié s'il ne supportait, à lui seul, un symbolisme essentiel. Il faut bien constater que le rite s'est perpétué en dépit de cette perte. Les vertus stupéfiantes du breuvage n'épuiseraient donc pas sa signification mystique : un "immortel" pressé par des "mortels" (R.V. X,3,1). Son expression est référée à la structure cosmique de l'être. "Le motif minime du jus pressé, écrit Renou , est comparé à une ruée dans l'espace, à une chute torrentielle". "Combien de versets du livre IX (du Rg-Veda) voyons-nous commencer par décrire l'opération matérielle, ébaucher les gestes de l'officiant pour s'élancer brusquement au domaine céleste". Il y a mise en jeu de "mots immenses pour décrire des "faits très menus" (Etudes védiques et paninéennes, T. IX, pp. 9 et 13). "La substance oblatoire fait l'objet d'une exaltation sans mesure" (id. Hymnes spéculatifs du Véda, p. 232).

Mais s'il faut entendre l'avertissement des théologiens védiques : "Ils s'imaginent boire le soma lui-même lorsque la plante est pressée, mais ce que les brahmanes entendent par "soma", nul n'y goûte jamais qui vit en ce monde" (R.V. X,85,3-4), il convient d'être attentif à l'enjeu de cette exaltation. "Premier fécondateur des structures, séjour natal de l'ordre", "Père des dieux", le soma, par qui Indra triompha du dragon est, comme Indra lui-même, le mâle par excellence et la parole sacrée:

Extraits de Rg-Veda, IX :
3,8: "Voici le dieu qui coule pour les dieux".
6,1: "0 Soma, clarifie-toi en taureau aimant les dieux".
14,4: "Laissant suinter son jus, le soma court à travers le tamis, dépouillant les parties fibreuses de son corps. Puis il s'agrège à Indra, son allié".
19,4: "Sperme de taureau".
46,3: "Voici le soma, les sucs porteurs de satisfactions rituelles pressés dans les cuves qui invigorent Indra grâce aux actes du sacrifice."
48,1: "Toi qui portes les forces viriles jusque dans les séjours du grand ciel."
6l,20: "Tu es le frappeur de Vrtra, l'hostile".
61,22: "Toi qui assistas Indra pour tuer Vrtra lequel bloquait les eaux puissantes."
63,7: "Clarifie-toi par cette coulée même par laquelle tu fis briller le soleil en mettant en branle les eaux humaines."
66,6: "Les sept fleuves coulent selon ton instruction, ô Soma; pour toi coulent les vaches laitières."
68,5: "Le soma est né avec la force agissante, la faculté de penser."
68,6 : "Les poètes détenant-le-sens ont trouvé la forme réelle du soma enivrant."
69,3: "Le soma a détaché les deux mondes, Ciel et Terre."
74,5: "Elle a hurlé la tige sômique, associée à la vague des eaux; pour l'Homme, elle gonfle son enveloppe qui attire les dieux. Elle dépose dans le giron d'Aditi un germe par lequel nous recevrons fils et descendance."
75,5: "Hennissant avec force comme un coursier en rut dans le troupeau."
87,2: "Géniteur à la force agissante, étai du ciel."
105,6: "Evince l'être bifide".
113,2: "Pressé à l'aide de la parole sacrée, du réel, de la confiance, de l'ascèse."

En quoi l'extraction du soma peut-elle être assimilée à l'acte libérateur et créateur d'Indra ? L'opération effectuée sur la plante consiste en un pressurage et un filtrage. Réellement et mystiquement, c'est une expression et une purification. Si "Soma était le dragon" (S.Br. III,9,4,2), le meurtre de Soma est la purification de Vrtra, le dragon. Purifier n'est pas tuer, c'est exprimer en divisant, sublimer. Soma n'est pas tué, mais seulement son mal : "Le mal est vaincu, mais Soma n'est pas tué" (S.Br. III,9,4,17). L'identification de Soma et de Vrtra, leitmotiv des Brâhamanas, éclaire la nature de la purification sacrificielle. Frappé par Indra, "Vrtra gisait tel une outre de cuir vidée de son contenu, tel un sac de peau vidé de sa farine d'orge. Indra se précipita sur lui, voulant le tuer. Vrtra lui dit : "Ne lance pas ton foudre contre moi! Te voici devenu ce que j'étais! Partage-moi en deux, mais ne me laisse pas ainsi". Indra répondit : "Sois ma nourriture ! Et Vrtra acquiesça. Alors Indra le partagea en deux, et de cette partie de Vrtra qui relevait de Soma, il fit la lune. Quant à ce qu'il y avait de démoniaque en lui (asurya), il le fit entrer dans le ventre des êtres d'ici-bas" (S.Br. 1,6,3,16-17).

L'expression laisse comme un rebut les fibres et les téguments de la pressée. Les hommes tirent le soma de plantes que le ciel a nourries. Soma est appelé "Fils du nuage" qui dépose la semence comme un fœtus dans les plantes (R.V. V,83,7) ; volé par un aigle et rapporté ici-bas (R.V. VIII,100,8), il pousse sur la montagne au nombril de la terre (R.V. IX,82,3). Le sacrifice de soma continue la geste qui oppose Devas et Asuras, héros célestes et héros chthoniens. On dit qu'ils s'opposent pour l'obtention du sacrifice, mais cette lutte est le sacrifice. Indra frappe Vrtra, mais aussi frappe et ouvre la montagne et ces deux actes sont quelquefois décrits comme étant concomitants ou ne faisant qu'un seul. "Le thème des montagnes fendues, écrit Louis Renou, intervient au moment précis où on attend celui de Vrtra" . "Soma est emprisonné dans le rocher" (R.V. X,68,8). Soma, Vrtra et la montagne sont identifiés en S.Br. III,4,3,13; III,9,4, 2; IV,2,5,15. C'est en frappant Vrtra ou le rocher qu'Indra libère les êtres que le rocher emprisonnait ou que Vrtra "enserrait" (R.V. VII,21,3). Le terme giri (montagne) se rattache à gir : avaler et on l'a rapproché de grah : saisir et de garta : tombe. L'acte de séparer Vrtra en deux consiste à "fendre le ventre des montagnes" (R.V. 1,32,1), le giron où se gire, où est enseveli Soma, à tailler en pièces l'assise (yoni) , la tanière de Vrtra" (S.Br. V,5,5,6). L'arme du "meurtre"", le foudre d'Indra, le vajra, cette "dureté", cette "lumière" (vajra signifie aussi diamant) que R.V. II,11,5 qualifie comme viryena est la virilité (sanscrit vaja, latin vigor: vigueur sexuelle). La division - purification - prise de possession du ventre par le héros constitue la science sacrée : "Vrtra eut peur du foudre levé d'Indra, il dit : "II y a ici une source de force, je te la donnerai, mais ne me frappe pas !" Et il lui donna les formules sacrificielles. Indra leva son foudre une seconde fois. Vrtra eut peur du foudre levé d'Indra, il dit : "II y a ici (...) et il lui donna les stances. Indra leva son foudre une troisième fois. Vrtra eut peur du foudre levé d'Indra, il dit : "II y a ici (...) et il lui donna les hymnes" (S.Br. V,5,5,2-5). Formules sacrificielles, stances et hymnes constituent le Véda. Ce qui ne signifie pas que le Véda aurait été une science "démoniaque" d'abord en possession du serpent, car la maya ophidienne est une production sans ordre, soit le contraire d'une science, mais bien : que le Véda consiste dans la science du charmeur de serpent, dans la maîtrise et l'appropriation du serpent. Le premier brahmane fut le premier buveur de venin, l'aigle Garutman: "La science du serpent (Sarpa-vidya) est le Véda" (S.Br. XII,4,3,9).

L'acte sacrificiel, la libération créatrice, l'acte qui donne la possession des trois Védas répètent une seule et même structure : la confrontation victorieuse de l'Homme et du Serpent. La question de savoir "à quoi ressemble" Vrtra est donc primordiale.

Dans le Rg-Veda, Vrtra est dit une fois "premier né des serpents". Il n'y a d'allusions précises, note Renou, ni à propos de Vrtra, ni à propos d'Ahi (ahi signifie serpent). Ahi est dit une seule fois abhogam, "aux replis" (VII,94,12). "Le mythe se résume pour l'essentiel à la formule: "Indra tue Vrtra" , acte qui constitue l'"œuvre virile" d'Indra (IV,19,10). Mais si Vrtra est défini par des caractères négatifs: apâd, "sans pieds", ahastà, "sans bras" (comme la terre même qualifiée d'ahastâ et d'apadi - X,22,14), kunâru, "paralysé" ou "manchot" (III,30, 8), vyamsa, "sans épaules", viparvam, "dépourvu d'articulations", valeurs que Renou qualifie comme "révélant 1'inintégrité physique", auxquelles s'ajoutent des épithètes négatives révélant 1'"inintégrité morale" (si l'on veut faire pendant à l'expression de Renou): piyaru, "aux mauvais desseins" (III,30,8), et "à la parole fausse", tous caractères qui le font adeva, "antithèse du divin", si ses armes ("rarement c'est l'ennemi d'Indra qui est représenté comme armé" ) sont "le brouillard" (II,30,3), "les ténèbres" (X,73,5), n'est-ce pas qu'il représente l'impossible personnification de tout ce qui est le contraire d'un être ? Et que ce qui résulte de la composition de tous ces caractères négatifs, c'est ce qui fait, justement, la généralité des monstres : l'absence de structure (ou le mélange de structures) ?

L'inintégrité physique porte une signification morale qu'exprime ici cet être reptilien qu'aucune forme, ou presque, n'arrache à 1'indistinction de la terre: "amorphe", "endormi" ou "sans yeux", "avachi" ("Sa mère couché sur lui comme une vache et son veau" - I,32,9), "comme mort" (le qualificatif sî, "gisant", lui est appliqué avant comme après le combat), désigné non par un nominatif, mais par un neutre, Vrtra est, selon Benvéniste et Renou, une "masse obstruante", une "résistance". L'étymologie traditionnelle l'interprète en "Constricteur" : "Vrtra enveloppa (avrnot) ces mondes" (T.S. II,4)12). "Parce qu'il se développa en roulant en avant (vrt), il devint Vrtra" (S.Br. I,6,3,9). Comme Namuci, "Celui qui ne lâche pas" dit Panini (6,3,75) ("Titan Crampon", traduit Coomaraswamy), il exprimerait l'étreinte par quoi se "personnifie" l'inertie de la matière, la passivité aspirante ou la résistance contre laquelle se dresse la résolution de l'acte. Vrtra est l'obstacle à la manifestation, à l'émanation créatrice. L'acte d'Indra, Vrtrahan, "Tueur de Vrtra", qui met un terme à la carrière de ce monstre qui "grandit de jour en jour" (III,31,13) et "occupe les trois mondes" (Brahaddevatâ, 6,121), consiste à le "délivrer" de sa fatalité reptilienne. Vrtra était "non divisé, insatiable, sans éveil, endormi d'un profond sommeil, gisant contre les sept escarpements" (IV,19,3), Indra le "souffle hors de l'atmosphère" (VIII,3,20), "le découpe comme l'articulation du bœuf" (I,61,12), l'abat " comme la hache abat les arbres" (X,89,7), le frappe "dans un endroit sans articulation" ou "de façon à être désarticulé" (IV,19,3). Vrtra gît maintenant, "découpé en morceaux", "comme un tuyau sectionné" (I,32,8). Ainsi Indra frappe-t-il le démon destructeur, anindrâm, "antithèse d'Indra" (IV,2,3,7-8). Antithèse de l'homme, si l'homme est ce combat contre l'informe, cette résistance à la résistance. Vrtra symboliserait donc une maya sans structure et sans loi, une profusion sans ordre (on traduit aussi Vrtra par "l'Omniforme" - mais 1'omniforme n'a aucune forme) amorphe ou difforme, intempestive ou déplacée, par opposition à la distinction et à la production ordonnée. Une production étouffante (obstruction), une étreinte qui s'oppose à la production (résistance).

Un texte cité plus haut (S.Br. I,6,3,17) énonce que "ce qu'il y avait de démoniaque en Vrtra, Indra le fit entrer dans le ventre des êtres d'ici-bas". Le serpent intestinal inscrit dans le corps même de l'homme la dualité de la forme et de l'informe. Le ventre et la matière carnée assignent à l'homme la faim et la mort. Par opposition au chaos et à l'inertie matérielle, l'individuation et la distinction apparaissent à la conscience comme la phénoménologie de l'ordre. Le beau signe la possession de soi (comme l'exprime la célèbre phrase de Hegel sur l'art grec : "Et la statue sans yeux nous regarde de tout son corps – démarquée du Charmide (154 d): "Ah! Si tu le voyais nu, il te paraîtrait sans visage"), la grâce est ce qui enlève la matière, le laid la pesanteur de la matière dans la forme, le monstrueux la matière sans la forme ou, plus exactement, la forme saisie par l'informe. La forme est l'éveil, l'intention, le regard, l'acte...

La neuroconscience élémentaire, comme la conscience noétique, suppose la vigilance. Pour rester debout, il faut se tenir éveillé. Mais l'activité noétique n'est possible qu'à la faveur de l'autonomie du "milieu intérieur" (Claude Bernard), dont la régulation automatique libère les fonctions supérieures du cerveau. Le viscéral est soumis au système nerveux sympathique, dit aussi autonome, responsable de l'activité des fibres lisses, notamment de la motricité digestive et des processus vaso-moteurs de l'expression des émotions et de la physiologie sexuelle. Si le travail de la digestion nous occupait comme il occupe l'anaconda qui vient d'avaler une proie, par exemple, toute autre activité nous serait interdite... Mais parce qu'autonome, portant sa propre "vérité", cette vie d'organes, la conscience peut la vouloir comme la seule vie et vouloir s'y perdre. Lorsqu'elle se veut libre, elle la perçoit comme "résistance".

De nombreux mythes figurent cette opposition de la forme et de l'informe, de la conscience et de la vie végétative par le combat de l'aigle et du serpent qui perpétue la lutte des héros solaires et des puissances chthoniennes. "Typhon-Set, écrit Plutarque, est cette partie de l'âme, passionnelle, titanique, irrationnelle et impulsive et cette partie du corps qui est périssable, maladive et désordonnée, comme le montrent les irrégularités dans les saisons et les températures, les éclipses de soleil et de lune, éruptions pour ainsi dire et irrégularités dues à Typhon (...) dont le nom signifie "contrainte" ou "obstacle" (Moralia, 371 b). "Obstruction", "résistance", telle est, nous l'avons rappelé, la signification de Vrtra.



Garuda, destroyer des dieux, ennemi du mal ophidien. Peinture indienne (XVIIIe siècle)

Si les replis de l'intestin peuvent figurer un serpent, le système respiratoire peut être figuré par l'aigle dont les ailes déployées représenteraient les deux poumons, le bec, la tête et le cou, la partie supérieure de l'ensemble. Système respiratoire et système digestif sont séparés par le diaphragme qui est le muscle du mouvement respiratoire. La méditation sur le souffle qui ouvre la voie à la conception post-védique du sacrifice ("Les dieux sont les souffles nés du mental et liés au mental. En eux on sacrifie metaphysiquement" - T.S. VI,1,4, S) se réalise dans les techniques respiratoires du yoga. Celles-ci s'appuient sur la fonction du diaphragme qui sépare le monde aérobie du monde anaérobie. Le contrôle du souffle (pranayâma) s'y révèle un moyen d'action indirect sur la vie végétative. Soumis, dans certaines limites, à l'action volontaire, le système aérobie régit le système anaérobie. Le souffle (aérien, subtil, incorruptible) prend possession du corps. L'aigle maîtrise le serpent.

D'une manière générale, l'être reptilien symbolise, (dans ses valeurs négatives, car il est aussi des valeurs positives conférées au serpent), par opposition à la volonté et à la contention qui se ramasse pour l'acte, l'inertie et la passivité qui condamnent l'existant à la fixité et à la disparition, comme l'exprime le fait évolutif, et l'existence à la dérive. Solidaire de l'invention, l'action se représente comme le génie de la forme. La nausée de l'immonde a pour répondant 1'éblouissement de la forme. Quand l'irrationnel a même vie que le périssable, le divin se dit dans l'acte, dans le souffle, dans le sens.

Par le sacrifice de soi (sacrifice d'une victime animale, dîksâ, sacrifice de soma...) le sacrifiant se libère de la mort. Il rend à la terre ce corps impur comme le bol intestinal, la balle, les gousses, les téguments – tout ce qui est excrété – et s'élève à la signification. La séparation sacrificielle libère deux principes antagoniques. L'un tend vers le haut et l'autre vers le bas : l'incorporel et le corporel. Au moment de sacrifier la victime animale, on dit : "Faites aller au soleil son œil, répandez au vent son souffle, à l'atmosphère sa vie, aux régions son ouïe, à la terre son corps" (A. S. III,3,1). Ce qui est exprimé, c'est le sens ("l'oblation de soma est in-corporelle" - A.Br. II,14), ce qui est excrété, c'est le mal et la mort. Cette séparation répète l'acte fondateur qui est à l'origine de la manifestation. Le sacrifiant, la "substance" exprimée et le dieu ne font qu'un.

La victoire d'Indra est une libération de la vie sensée :
- Les eaux étaient "entourées par le serpent" (R.V. VII,21,33), les ténèbres (de Vrtra) "opprimaient le réceptacle des eaux" (I,54,10): le foudre d'Indra a"ouvert la fermeture des eaux" (I,54,10), "percé les orifices des rivières" (II,15,3). ("Indra fit en sorte que les eaux coulent ensemble pour l'homme. Il a tué le dragon, il a fait couler les sept fleuves, il a ouvert les orifices obstrués".)
- "Il sépara le ciel et la terre" (V,113,4). "Par sa force, il étala ces deux mondes, le Ciel et la Terre" (VIII,3,6). Comme Visnu et avec Visnu (dont les trois pas ouvrent l'espace à l'homme) "il fit plus large l'espace médian et étendit les espaces pour permettre à l'homme d'y vivre".
- "Il fit que le soleil brille" (VIII,3,6).

La victoire d'Indra libère l'espace et le temps ordonné de la manifestation en soumettant la "matière" à la loi. C'est la loi qui triomphe de l'informe, de l'infortune et de la mort. Le rite, le sacrifice et les hymnes répètent cette loi originelle. Agni a affermi la terre et soutenu le ciel "avec des formules efficaces" (R.V. 1,67,5), et ce que firent les dieux, les hommes le réitèrent. C'est pourquoi le sacrifice peut être dit : "Père de l'homme" (X,100,5) et "nombril du monde" (1,164, 35). "Puissions-nous, dit un hymne du Rg-Veda, devenir les Angiras du Ciel et briser, resplendissants, la pierre qui renferme des trésors" (IV,2,15). En effet : "Ils ont avec la loi ("avec leurs hymnes" - I,71,2) fendu et séparé en deux parties la pierre" (IV,3,11). "Avec la parole divine (...) l'obscurité confuse a disparu ; le ciel a brillé; la splendeur de l'aurore divine s'est levée ; le soleil s'est étendu sur les champs élevés, distinguant chez les mortels ce qui est droit et ce qui ne l'est pas" (IV,1,17).
Par l'"œuvre virile", par la "loi", Vrtra (l'Introverti) est subverti (udvrit), extroverti (samvrit), converti (prarvrit). ("Le Serpent chthonien est "converti", ou "extériorisé", les Ténèbres sont retournées". - Coomaraswamy, 1978 : 52).


Musée des mosaïques Istanbul.


Ornithologia Ulysse Aldrovandi 1599

La lutte de l'aigle et du serpent.


Atlas et Prométhée (musée du Vatican)


"Qu'il ne faut point rechercher les secrets des Cieux", Jean Baudouin, Recueil d'Emblèmes divers, 1638-1639


in Tondriau 1974.
Le serpent crucifié
(L'écartèlement de la croix : division significative,
ouverture des points cardinaux.)



Martin de Vos 1585

"Lui dont les bras cloués ont brisé tant de fers." (Marceline Desbordes -Valmore)
"Par les quatre horizons
Qui crucifient le monde ..." (Francis Jammes)

[soleil couronne (d'épines) / aigle / exuvie serpent /principe diviseur]

Tau initial. Missel de Berthold, Allemagne déb. XII° s.
Axis mundi et circonvolutions de la manifestation.
Les axes de la croix du sacrifice donnent sens aux gires intestines.


Sacrifice au sommet d'une temple. Magliabecchi,70.
Dans le sacrifice aztèque, la division de la composante solaire et de la ccnposante tellurique est ainsi mise en scène. Au sommet du temple, les cœurs arrachés des suppliciés renversés sur une borne, les prêtres "s'en saisissaient et les élevaient vers le soleil [...] De la sorte, il le nourrissaient, lui donnaient à manger" (Florentine Codex, 111:47). Après leur avoir ouvert la poitrine "aussi facilement qu'on ouvre une grenade", "ils jetaient les victimes du haut du temple où elles roulaient jusqu'au bas des marches et là, baignaient dans leur sang." (Diego Duran, 1581, 1951, II:86).


Axolotl, Florentine Codex, XI:218.
Dans le mythe, Xolotl , c'est le dieu qui refuse de se sacrifier pour faire tourner le soleil. C'est le double de Quetzalcoatl, part infernale (obscure, intestine, souterraine, subaquatique, rampante, non développée...) soustraite à la volonté. Cette dualité constitutive fait apparaître le sacrifice cornue la division qui permet à l'individu, par le rite, de se conjoindre au sens cosmique et à la vérité sociale.


Le triomphe du serpent, affiche antisémite de Bernd Steiner, 1920.


Topor, 1968 .


Tomi Ungerer

Labyrinthe et gires intestines

Soleil, tête du Sacrifice

"Soleil cou coupé."
Apollinaire, Zone, Alcools.

Indra est sollicité en ces termes : "Pousse vers nous la roue du soleil!" (R.V. IV,16,12), "Fais rouler le rocher du ciel, prépare ton arme sômique, frappe les démons de ton foudre" (VII,104,9). La division-purification du dragon fait monter au ciel ce soleil qui n'est autre que la tête du dragon ; sa sanctification. Après avoir anéanti Vrtra, "tu fis monter le soleil afin qu'on le vît" (1,51,4). En S.Br. IV,4,3,4, la tête de Vrtra devient à la fois le soleil et le vase de soma : "C'est un fait que Soma était Vrtra. Quand les dieux le mirent à mort, sa tête roula (ou : s'éleva en tournant) et devint le dronakalasa (drona : vase ; kalasi : baratte). En R.V. V,30, 8 , Indra arrache la tête de Namuci d'un mouvement en torsion : "Pour ouvrir une voie à l'Homme, Indra arrache la tête de Namuci d'une torsion (...) Il fait tourner la tête de Namuci, ce brillant joyau qui tourne". (V,30,7,8) Cette description ne signifierait pas seulement qu'il lui tord le cou. L'emploi des verbes manth- (baratter) et vrt- (tourner) suggère comment cet arrachement fonde le mouvement solaire et souligne la relation entre la course du soleil et la production sacrificielle. La rotation solaire tire son origine de la manière dont fut arrachée la tête du démon, analogue au barattement du soma (en R.V. 1,93,6, il est dit que l'aigle "baratte le soma du rocher"). Rotation vers la droite – par opposition à tout ce qui est gauche – que mime le sacrifiant : "Tu précipites Susna vers la droite pour le bien de la vie, et cette terre qui n'avait ni pieds ni mains put croître" (R.V. X,22,14).

L'homologie entre la création du soleil et le sacrifice est mise en scène dans le rite appelé pravargya décrit en S. Br. XIV,1,1,1 s. (tout le kanda).

"Agni, Indra, Soma, Makha, Visnu et Tous-les-dieux avaient entrepris de célébrer un grand sacrifice... Les dieux déclarèrent: "Celui qui par effort, ardeur, confiance, sacrifice, oblations atteindra le premier la fin de ce sacrifice sera le meilleur d'entre nous et il sera le bien de tous! Visnu atteignit le premier le terme de ce sacrifice et devint le meilleur des dieux. C'est pourquoi l'on dit : "Visnu est le meilleur des dieux". D'ailleurs, Visnu est le sacrifice même et celui qui est le sacrifice, il est le soleil là-haut. Mais, en vérité, Visnu ne put dominer l'orgueil de cette gloire, et c'est pourquoi, ici-bas, personne ne sait résister à la vanité du succès. Prenant son arc et ses flèches, il,se mit à l'écart des autres. Il se tenait debout, la tête appuyée sur l'extrémité de son arc, et les dieux, n'osant l'attaquer, étaient assis à l'entour. Alors des fourmis (sollicitées par les dieux) (...) s'approchant de lui nuitamment, rongèrent la corde de son arc. La corde coupée, l'arc se détendit et l'extrémité trancha la tête de Visnu. La tête tomba en faisant "ghrn" et devint ce soleil là-haut. Le reste du corps gisait, tourné vers l'orient. Comme la tête tomba en faisant "ghrn", de là le nom de l'offrande gharma, et comme il gisait abandonné, de là le nom du rite pravargya (pra-vrg). En vérité, dirent les dieux, notre grand héros est tombé, de là le nom du pot mahavira (grand homme) (...) Les dieux se précipitèrent vers lui tout comme font ceux qui veulent s'emparer d'un trésor. Indra l'atteignit le premier, il s'étendit sur lui, membre à membre, et l'engloutit. Il devint ainsi cette gloire de Visnu. En vérité, celui qui sait cela devient lui-même cette gloire de Visnu et cette gloire d'Indra. Et Makha, le Sacrifice, en vérité, est identique à Visnu. De là vient qu'Indra est Makhavat (possesseur de Makha) c'est-à-dire Maghavat (possesseur de puissance)".

Les dieux se partagent ce Visnu-sacrifice, mais célèbrent un sacrifice incomplet parce que "privé de sa tête". Le sage Dadhya'nc Atharvana connaissait la doctrine "mellifique", le pravargya : comment replacer la tête du sacrifice et l'enseigna aux dieux. le pot d'argile dans lequel on fait bouillir le lait représente la tête de Makha : "Tu es pour Makha, pour la tête de Makha". Quand le lait commence à bouillir, on dit : "Le dieu (Mahavira) s'est uni au dieu Savitri (le soleil) (...) Agni à Agni" . Le lait qui déborde du pot est la surabondance du flot vital: "Ô dieu Gharma (chaleur) tu protèges lesdieux, tu es notre père" ; soleil: "Remplis d'ardeur le soleil" ; semence : "C'est toi que nous servirons; donne-nous la descendance" disent ensemble le sacrifiant et sa femme, car le "paravargya est mâle et elle est femelle".

L'acte et le sens

On a souvent souligné le caractère mécanique, "magique", du sacrifice védique ; on a parlé de la "folie
du sacrifice"... Mais dans la représentation de l'acte, il y a une religion. Le sacrifice est qualifié de "travail" (karman). La nature double de l'homme lui fait de l'immortalité un devoir et un travail. L'expression est un travail. Beaucoup de langues anciennes ne possèdent pas de terme spécifique pour nommer le sacrifice qui se dit : "œuvrer", "faire" (rhezein, erdein - = ergein - chez Homère ; operari en latin). N'est-ce pas dire que l'acte épuise la signification du sacrifice, que l'œuvre sacrée est le renversement de la passivité en activité ? Le sanscrit comprend sous un même terme les verbes "accomplir", "penser", "émettre un son", "honorer les dieux", "offrir un sacrifice". Par le sacrifice, l'homme se réunit au dieu, se conjoint à l'acte créateur et à la signification.

Condition essentielle de l'efficacité sacrificielle : la confiance, shraddhâ (latin : credo). La confiance est une divinité et l'"homme qui sait" est dit : shraddâ-deva, "celui qui a la confiance pour divinité". Shradda est l'épouse de Manu, l'homme sauvé du déluge, et l'autre nom d'Ida, la part consommée de la victime sacrificielle, la fécondité du sacrifice. La confiance, c'est la perfection du rite, l'autre nom de l'exactitude : "L'exactitude fut offerte en libation dans la confiance" (S.Br. XI,3,1,4), "Confiance et exactitude, c'est le plus beau couple" (A.Br. 32,9,4). La confiance, c'est le rite : "Brhaspati trouva le rite qui assure les fonctions sacerdotales ; les dieux eurent confiance en lui. Il devint leur prêtre" (T.S. VII,4,1,1). "La confiance, c'est la forme de la dîksâ" (S.Br. XII,8,2,4). Non pas une qualification extérieure à l'acte, mais la forme même de l'acte. Il s'agirait moins de croire, par opposition à ne pas croire, que de faire, par opposition à ne pas faire. L'étymologie analyse le terme shraddâ en : dadhâti, "il pose" (dhâ signifie dépôt, installation, fondation) et srat(?) : "cœur". La shraddâ serait le cœur de l'assise et la droiture fondamentale qui rejoint et soutient l'ordre cosmique. Pas de religion sans la foi qui installe le croyant au cœur du rta, l'ordre qui modèle l'action des dieux eux-mêmes. Pas d'ordre s'il y a doute et suspension de l'acte. Le sacrifice est l'acte qui libère et soutient les actes. Brhaspati est le "Maître de l'efficience".

Ne plus croire, c'est ne plus croire à l'acte. Quand n'est plus assumé l'acte de signifier, le sens se révèle être une forme sans contenu et une matière sans forme. La "matière" fond sur l'homme sous l'espèce de l'infini négatif, cet ucchistam, ce reste inépuisable, cet impur. Mettre en doute la fondation du sens, c'est se vouer à l'insensé. Car on ne peut trouver le sens premier. On ne trouve qu'un lieu d'origine de la signification, asymptotiquement le non-sens, la limite corporelle, matérielle de la signification, la matière du sens. En dépouillant l'acteur de ses rôles, le théâtre moderne postule l'existence et vise la mise à nu d'un noyau premier, d'une existence vraie, d'un machiniste... Mais il n'expose qu'une forme vide ou une matière informe. La scène vide et la poubelle sont deux lieux communs du théâtre d'avant-garde. Le rôle premier n'est que le premier rôle, la première formalisation, le fantasme des origines. Seuls sont "vrais" les actes. "Sens", "personne", "âme" sont des entités vides. Le théâtre psychologique est une scène sans acte quand le mythe est un paradigme d'acte. Pas de combat, pas d'honneur, mais le miroitement sans fin des doubles. S'il est forme sans matière, le sens "originaire" est aussi matière sans forme. A cet égard, l'interdit est un index : "ici finit l'homme", un arrêt de la signification – où l'on reste interdit quand la matière n'est plus soulevée par la forme. Que l'idéal, par exemple, puisse être magnifié dans un corps, voilà bien l'extraordinaire pour qui regarde la matière du corps, car si l'on s'attache à la matière de la signification, il n'y a que laideur : "Le Coran est comme une jeune mariée qui ne te laisserait pas voir son visage même si tu enlevais son voile. Si tu n'en ressens pas de joie, c'est que tu as essayé d'écarter le voile et que la jeune mariée se montre à toi sous l'apparence de la laideur comme pour dire : 'Je ne suis pas ce que tu cherches'" Mawlânâ Djalalal al Din Rumi). La religion (la théologie) est ici la relève de la signification.

Références : references.html

N. B. Pour une bibliographie critique (non exhaustive) voir :
Mircea Eliade : Histoire des croyances et des idées religieuses. Paris, 1976, I : 442-450.
(  http://www.anthropologieenligne.com/pages/sacrificeI_2.html  )
    


     
UPANISHADS DE VISHNU

Garuda Upanishad
Upanishad de l'Oiseau Garuda

Traduite et annotée par M. Buttex
D'après la version anglo-indienne officielle, sans nom de traducteur
Remarque préliminaire : GARUDA : « Verbe ailé » - Roi des oiseaux, mi-vautour, mi-homme, Garuda, véhicule de Vishnu, est représenté avec une face blanche, un bec aquilin, des ailes rouges et un corps doré. Il symbolise la parole secrète des Védas, magie incantatoire qui, telle des ailes, transporte instantanément le mage sur les plans subtils ou vers les autres mondes. Maître des serpents, dont il se nourrit, il a obtenu d'eux la connaissance secrète du Savoir qui échappe aux cycles cosmiques, savoir absolu et immuable d'une éternité à l'autre.

Om ! Ô Dieux, puissions-nous entendre de nos propres oreilles ce qui est propice;
Puissions-nous voir de nos propres yeux ce qui est propice,
Ô Vous, dignes de vénération !
Puissions-nous jouir de notre vie jusqu'au terme alloué par les Dieux,
Leur adressant des louanges, avec notre corps bien ferme sur ses membres !
Qu'Indra le glorieux nous bénisse !
Que Surya (le Soleil) omniscient nous bénisse !
Que Garuda, le tonnerre qui foudroie le mal, nous bénisse !
Que Brihaspati nous octroie le bien-être !
Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi
Om ! Cela est plénitude; ceci est plénitude;
De la plénitude, naît la plénitude.
Quand la plénitude est extraite de la plénitude,
Ce qui reste est plénitude, indéniablement.
Om ! Shanti ! Shanti ! Shanti !
Om ! Paix ! Paix ! Paix !

             Je vais enseigner une formule magique tirée de la science de Brahman, la Réalité absolue. Brahma l'enseigna jadis à Narada, celui-ci à Brihatsena, celui-ci à Indra, celui-ci à Bharadvaja, ce dernier l'enseigna à ceux de ses disciples qui désiraient préserver leur vie.
             Il leur enseigna la formule qui accomplit ces bienfaits : drainer le poison, détruire le poison, neutraliser le poison, et annihiler le poison.
             «Attaqué soit le poison ! Annihilé soit le poison ! Détruit soit le poison ! Il est frappé par l'éclair d'Indra, Svaha (1) ! Quelle qu'en soit l'origine, serpents, vipères, scorpions, chancres purulents, salamandres, animaux amphibies ou simples rats, détruit soit le poison ! »
1 Indra : Dieu védique de la pluie et du tonnerre, équivalent de Zeus; dieu guerrier, il établit sa domination sur les autres dieux. Ultérieurement, il devint le Dieu de la Lumière et de l'Immortalité, synthétisant le pouvoir du Mental divin.
Svaha : « Salut ! » - Exclamation consacrée lors d'une oblation au Feu sacré.
             « Puisses-tu être le messager d'Anantaka (1), ou Anantaka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Vasuki, ou Vasuki lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Taksaka, ou Taksaka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Karkotaka, ou Karkotaka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Samkhapulika, ou Samkhapulika lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Padmaka, ou Padmaka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Maha Padmaka, ou Maha Padmaka lui-même !
             Puisses-tu être le messager d'Elapatraka, ou Elapatraka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Mahailapatraka, ou Mahailapatraka lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Kalika, ou Kalika lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Kulika, ou Kulika lui-même !
             Puisses-tu être le messager de Kambalasvatara, ou Kambalasvatara lui-même ! »
1 Ce nom et tous ceux qui suivent sont des noms de Nagas.
Nagas : « serpent » - 1) Divinités mineures, les nagas sont un terme générique, englobant les « rampants » : pythons, cobras, dragons, qui furent engendrés par le Rishi Kashyapa. Tout d'abord créatures de l'Océan primordial et des eaux montagneuses, ayant pour roi Varuna, le dieu pré-védique de la foudre, ils furent assimilés aux génies sous-terrains, les Yakshas, gardiens des trésors de la Terre; leur symbolisme est très riche, ils sont aussi des symboles phalliques, utilisés dans les cultes de fertilité; 2) en tant que symbole de l'énergie vitale (ou kundalini), enroulée dans les 4 pétales du muladhara chakra, les nagas sont attaqués par l'oiseau Garuda, symbole de l'énergie sexuelle; l'un et l'autre étant des émanations de Vishnu, c'est donc à un parfait équilibrage de ces énergies complémentaires que visent les pratiques tantriques.
             Durant douze années, les serpents ne mordront plus celui qui a entendu cette formule lors d'une nuit de nouvelle lune. Les serpents ne mordront plus, aussi longtemps qu'il vivra, celui qui, après avoir récité cette grande formule une nuit de nouvelle lune, la porte sur lui sous forme d'amulette.
             Celui qui enseigne cette formule magique à huit brahmanes devient capable de soigner les effets d'une morsure de serpent, en posant simplement dessus un peu d'herbe, un bout de bois ou des cendres. Celui qui l'enseigne à une centaine de brahmanes devient capable de soigner les effets d'une morsure de serpent, en posant simplement son regard dessus. Quant à celui qui l'enseigne à un millier de brahmanes, il devient capable de soigner les effets d'une morsure de serpent, en y pensant seulement. Oui, par la seule pensée !
             Ainsi a parlé le suprême Brahman, oui, le suprême Brahman. Telle est l'essence de l'Upanishad de l'oiseau Garuda.

Om ! Ô Dieux, puissions-nous entendre de nos propres oreilles ce qui est propice;
Puissions-nous voir de nos propres yeux ce qui est propice,
Ô Vous, dignes de vénération !
Puissions-nous jouir de notre vie jusqu'au terme alloué par les Dieux,
Leur adressant des louanges, avec notre corps bien ferme sur ses membres !
Qu'Indra le glorieux nous bénisse !
Que Surya (le Soleil) omniscient nous bénisse !
Que Garuda, le tonnerre qui foudroie le mal, nous bénisse !
Que Brihaspati nous octroie le bien-être !
Om ! Que la Paix soit en moi !
Que la Paix gagne mon environnement !
Que la Paix soit en les forces qui agissent sur moi
Om ! Cela est plénitude; ceci est plénitude;
De la plénitude, naît la plénitude.
Quand la plénitude est extraite de la plénitude,
Ce qui reste est plénitude, indéniablement.
Om ! Shanti ! Shanti ! Shanti !
Om ! Paix ! Paix ! Paix !

 http://www.les-108-upanishads.ch/garuda.html
 
    

6 comentarii:

  1. OMNIA IN UNUM (Totul într-unul). ....sau cum imi place sa scriu ;
    OMnia in Unum---
    .
    Alchimie
    .
    Multe dintre simbolurile alchimistilor se aseamana cu Oul Matematic.....Androginul, Craterul, Uterul alchimic..Ouroborus,...Trinitatea mistica Sulf+Sare+Mercur =Arsenic.....etc...etc...

    RăspundețiȘtergere
  2. Śambhu --- Hiranyagarbha
    Sambure---Ou Matematic

    RăspundețiȘtergere
    Răspunsuri
    1. That God is Known as Sambhu, Hara or Rudra. He is smaller that Paramanu (subatomic particle like Proton, Neutron, Electron) and greater than any thing greatest. He is the cause of vitality in all the living things. Every thing or non-living originates from him. He can never be seen by ordinary people. He has engulfed the whole world. He is the limit of the Time. He has no birth, no death. He is invisible, unmanifest. He is the soul of the soul. He has no passion at all......
      First of all this Sambhu creates Hiranyagarbha, also known as Visvarupi or Mahan or Bhootagraja which means the first thing in the world. Vedantis call his Hiranyagarbha as Sutratma. Yogasastra calls it ‘Mahan’ or ‘AJA’. The Sankhyasastra calls it Vicitrarupa, Visvatma and Ekasara. Hiranyagarbha prepared all the things forming this world and occupied those himself. Thus he himself turned into many forms and hence got the name Visvarupa and Bahurupa. He generates himself in innumerable forms and becomes visible. This change from invisible to visible or unmanifest to manifest is named as Vidyasarga. (Please note that the real sense of the words Vyakta and Avyakta cannot be translated into English appropriately.)
      Hiranyagarbha gives rise to Ahnkar and Virat Prajapati. This process is called as Avidyasarga. From Ahankar all the microscopic things evolved.( Suksma-Bhuth-Sristi). Then arose five Mahabhutas-Akas, Vayu, Teja, Apah, Prthvi and its subjects namely Sabda, Sparssa, Rupa, Rasa, Gandha. After this the last of fifth generation evolved with five sense organs and the mind.
      Here the origin of the Universe is considered. You may remember the theory published by Sir Bernard Lowell, a research scientist of England, after catching up the micro-wave signals from the explosion.
      http://in.answers.yahoo.com/question/index?qid=20100817033807AAozeCp

      Ștergere
  3. ब्रिहति
    बृंहति
    सूर्यमुखी
    प्रीतिः

    RăspundețiȘtergere